Survol des marchés financiers | Fiera Capital – Juin 2020
Contexte économique
Les mesures de confinement mises en place à travers le monde dans le but de limiter la propagation de la COVID-19 ont eu pour effet de freiner l’activité économique. Aucun pays n’a été épargné, car une gigantesque vague a déferlé de l’Asie vers l’Amérique du Nord en passant par l’Europe, paralysant sur son passage l’économie mondiale.
En mars et avril, les perturbations des chaines d’approvi-sionnement et les fermetures d’usines ont fortement affecté la production manufacturière. Par ailleurs, les industries axées sur la consommation, le tourisme, les loisirs et les divertissements ont été les plus sévèrement touchées puisque les mesures limitaient les déplacements des citoyens.
Les gouvernements et les banques centrales ont déployé des moyens extraordinaires pour atténuer les impacts du freinage de l’économie, tant sur les consommateurs que les entreprises. Les enveloppes de dépenses votées par les élus en Europe et en Amérique du Nord étaient à la hauteur de l’importance de la récession actuelle. À la suite d’une entente unique entre les pays membres, l’Union européenne a adopté une série de mesures totalisant 1 600 milliards d’euros. Aux États-Unis, dans une atmosphère préélectorale, les deux partis se sont entendus sur une aide totalisant plus de 2 600 milliards de dollars pour appuyer les entreprises et les particuliers.
Les indicateurs économiques publiés au cours du deuxième trimestre ont reflété à la fois l’ampleur de cette récession économique unique et l’optimisme d’un rebond rapide. Il était clair, cependant, que la reprise allait prendre un certain temps.
Au cours du printemps, le déconfinement progressif s’est entamé dans la même séquence que le freinage de l’économie, en commençant par la Chine, puis l’Europe et l’Amérique du Nord. Craignant qu’un déconfinement trop rapide provoque une deuxième vague de pandémie, les autorités à travers le monde ont généralement mis la pédale douce. Dans certaines régions du monde, on a même dû rétablir certaines contraintes puisque le déconfinement a provoqué une augmentation des nouveaux cas de COVID-19. Le retour au niveau d’activité économique qui prévalait avant la pandémie pourrait prendre plus de deux ans.
Les marchés boursiers, qui avaient chuté violemment en mars, ont progressé tout au long du trimestre. Cette montée des cours a été soutenue par deux éléments principaux : l’optimisme des investisseurs relativement à la durée du confinement et l’éventuel succès des recherches visant à trouver un vaccin contre le virus. En juin, plusieurs indices étaient revenus à leur niveau de début d’année.
Durant le trimestre, le prix du pétrole a été particulièrement affecté par la conjoncture économique. La production élevée et la faiblesse de la demande mondiale ont entraîné des surplus impressionnants. Par conséquent, cela a causé des problèmes de stockage. Au cours du trimestre, les producteurs ont même dû payer pour se débarrasser de leur production, ce qui a poussé les prix en territoire négatif. Une entente entre les pays producteurs a finalement permis de limiter la production et d’éponger progressivement les surplus. Malgré le rebond connu par la suite, le prix du baril de pétrole demeure beaucoup plus faible qu’il était en début d’année 2020.
Politique monétaire et titres à revenu fixe
Les grandes banques centrales avaient abaissé leurs taux au minimum au cours du premier trimestre. Durant le deuxième trimestre, elles les ont maintenus à ce niveau. Les autorités monétaires ont plutôt axé leurs interventions sur l’injection de liquidités supplémentaires afin d’assurer le bon fonctionnement des marchés financiers et l’accès au capital. Ces mesures visent aussi à stimuler les activités de crédit des institutions financières.
Ainsi, la Réserve fédérale américaine, a levé la limite sur le montant des achats de titres obligataires qu’elle peut effectuer sur les marchés. De plus, la gamme d’obligations pouvant être achetées a été élargie. Ce geste a contribué à la réduction des écarts de taux entre les obligations des sociétés et celles des gouvernements, facilitant ainsi l’accès aux marchés des capitaux pour les entreprises.
La Banque du Canada a, elle aussi, mis en place un programme d’achat d’obligations. En plus des obligations du gouvernement fédéral, la Banque achète régulièrement des titres émis par les provinces.
Les perspectives économiques s’amélioraient en mai et juin. On aurait donc pu croire que les taux obligataires allaient remonter de leur creux. La présence des banques centrales comme acheteur régulier sur les marchés a toutefois permis de maintenir les taux des obligations gouvernementales à un très faible niveau. Ces achats ont également fait diminuer les écarts de taux des titres de sociétés. La réduction des écarts de taux révèle aussi l’optimisme des investisseurs quant à l’amélioration des perspectives économiques.
Les taux obligataires sont demeurés assez stables aux États-Unis. Toutefois, ils ont affiché une baisse au Canada. Dans les deux pays, le taux des obligations gouvernementales à échéance de 10 ans termine le deuxième trimestre très près du creux historique. En maintenant le taux directeur au minimum et en acquérant régulièrement des obligations sur les marchés, les banques centrales nord-américaines visent à conserver encore plusieurs mois le faible niveau des taux d’intérêt. Elles favorisent ainsi la reprise de l’économie.
Notons qu’en fin de trimestre, l’agence de notation de crédit Fitch a abaissé la cote de crédit du gouvernement canadien de AAA à AA+. Cette décision tient compte de l’augmentation de la dette du Canada à la suite des dépenses induites par les mesures liées à la pandémie. Selon l’agence, la dette du Canada devrait passer de 88 % du PIB en 2019 à 115 % du PIB en 2020.
Durant le premier trimestre, la faiblesse du prix du pétrole et le recours au dollar américain comme devise refuge avaient lourdement affecté le dollar canadien. À partir d’avril, l’amélioration progressive des perspectives de croissance a provoqué un certain rebond de la devise canadienne.
Marchés boursiers
Dès le début du trimestre, et malgré le brusque freinage de l’activité économique provoqué par les mesures de confinement, les investisseurs boursiers ont repris confiance. Ils jugeaient que la baisse des marchés avait été trop rapide et trop intense. Les indicateurs précurseurs d’un aplanissement de la courbe mondiale des infections ont donc incité les investisseurs à profiter des aubaines offertes et à acquérir, à bon prix, des actifs considérés plus risqués.
Les marchés ont donc fait fi des indicateurs économiques désastreux et de la chute des bénéfices des entreprises. Comme la situation était sans précédent, il était difficile pour les analystes et les investisseurs d’évaluer les effets de la pandémie sur les résultats des différentes entreprises. Les investisseurs ont plutôt regardé au-delà de cette récession qu’ils jugeaient temporaire.
Au cours du deuxième trimestre, l’indice S&P 500 a mené la marche grâce à la vigueur des sociétés du secteur de la technologie et des soins de santé. Les investisseurs ont en effet jugé que les sociétés de ces secteurs seraient moins affectées par la pandémie et pourraient même en tirer profit.
Le marché canadien a été soutenu par la hausse des prix de plusieurs matières premières, dont le pétrole, le cuivre et l’or. Il a donc fortement progressé au cours du deuxième trimestre.
Enfin, sur les marchés émergents, les actions se sont appréciées dans une moindre mesure. Les tensions entre les États-Unis et la Chine ainsi que la forte progression de la pandémie dans plusieurs pays émergents comme l’Inde, le Brésil et l’Afrique du Sud ont tempéré les élans des investisseurs à l’égard de ces marchés.
À l’horizon
Les pronostics sur l’évolution de l’économie et des marchés au cours des prochains mois sont difficiles à établir. Les perspectives sont intimement reliées à l’évolution de la pandémie et au succès des recherches visant à trouver un vaccin ou un traitement pour combattre le virus.
Dans ce contexte, nous accordons une probabilité presque équivalente à notre scénario principal d’une reprise modeste et à notre premier scénario alternatif, celui d’une reprise rapide de l’économie mondiale au cours des 12 prochains mois.
Nous sommes relativement optimistes et croyons que les mesures mises en place par les gouvernements à travers le monde seront efficaces et contribueront à freiner la progression de la pandémie de COVID-19. En conséquence, l’optimisme des investisseurs se poursuivra. L’activité économique devrait donc s’accélérer dès le troisième trimestre et les perspectives continueront de s’améliorer.
Au cours des prochains mois, les dépenses de consommation devraient rebondir en tandem avec la réouverture de l’économie et la reprise des activités. De plus, les dépenses des gouvernements devraient soutenir cette reprise progressive de l’activité économique à travers le monde.
La période de confinement et le brusque freinage de l’économie ont causé de l’insécurité. En conséquence, la confiance des consommateurs et les intentions d’investissement des entreprises se sont érodées.
Au cours des prochains mois, le rythme de la reprise dépendra également de l’évolution de la confiance des consommateurs et des chefs d’entreprise. Selon nous, la rapidité avec laquelle un vaccin sera disponible pourrait accélérer la reprise et amplifier le rebond des marchés boursiers, en deuxième moitié de 2020 et en 2021.