/  11 juillet 2024

Finance comportementale
Investir avec un conseiller pour éviter les erreurs

Bun Rith Nak
Représentant-conseil, Gestionnaire de portefeuille – Gestion privée Fonds FMOQ


Avec la multiplication des courtiers à escompte et des fonds négociés en Bourse (FNB), de nombreux investisseurs s’interrogent sur la véritable valeur d’un conseiller en chair et en os. Puisque l’information sur le fonctionnement des marchés boursiers est facilement accessible, ils choisissent parfois d’investir par eux-mêmes pour économiser sur les frais. Bun Rith Nak, représentant-conseil et gestionnaire de portefeuille en gestion privée Fonds FMOQ, conseille et accompagne ses clients depuis près de 30 ans, et en a vu plusieurs tenter l’expérience d’investir de manière autonome. La plupart réalisent cependant qu’ils ont besoin de conseils professionnels. Pourquoi ?

La théorie… et la pratique

En théorie, tout le monde peut investir de manière autonome, mais en pratique, c’est différent. Selon la firme Dalbar, en 2023, l’investisseur moyen en actions a gagné 5,5 % de moins que le S&P 500. On constate que les investisseurs ont tendance à se défaire de leurs investissements dès qu’ils perdent un peu de valeur, et à manquer leur rebond.

Le phénomène n’est pas nouveau. Vous pourriez choisir le meilleur fonds et ne pas réussir à battre le marché ! Peter Lynch, gestionnaire du fonds Magellan de Fidelity de 1977 à 1990, a obtenu un rendement moyen de plus de 29 % par an, battant à plate couture le S&P 500 pendant la même période, alors que le rendement moyen des investisseurs ayant acheté des parts de ce fonds a été de 7 % seulement.

Bun Rith Nak a été témoin de ce phénomène à plusieurs reprises. Les décisions des investisseurs, souvent prises sous l’impulsion de l’émotion ou influencées par des biais cognitifs, sont expliquées par le champ de la finance comportementale qui étudie l’application de la psychologie à la finance. « La valeur d’un conseiller comme moi, c’est justement d’aider à contrôler les émotions des clients. Je leur évite de peser trop vite sur « vendre » ou « acheter » » explique-t-il.

Les émotions, votre pire ennemi ?

Le domaine de la finance s’est développé en présumant que les investisseurs sont rationnels, cependant ce n’est pas toujours le cas, souligne Bun Rith Nak. Souvent ils pèchent par excès de confiance, ce qui peut facilement les mener à effectuer plusieurs transactions. Si, en plus, ils craignent de manquer une opportunité liée à l’actualité positive sur un titre, par exemple, ils risquent d’acheter ce titre à son sommet. « On peut dire que c’est le fameux virus du FOMO (fear of missing out) qui les gagne à ce moment-là, ils ont peur de passer à côté d’une belle occasion d’affaires. »

« Cela se produit notamment quand les grands médias parlent d’un titre. Je l’appelle l’indice TVA », explique Bun Rith. « Le reportage vous donne envie de suivre le mouvement, mais si le titre est au sommet, il peut y avoir une correction ensuite, et là, ce sera la panique. Les grands médias vont alors inviter des spécialistes pour parler de ce qui va mal et vous serez peut-être tenté de vendre le titre à perte, ou encore vous hésiterez à prendre position alors que ce serait le bon moment pour le faire. »

L’effet de disposition et l’aversion aux pertes causent aussi des dommages importants. Les investisseurs ont tendance à encaisser leurs gains trop rapidement. Parallèlement, ils peuvent refuser de vendre un titre malmené pour ne pas concrétiser leur perte alors qu’il serait plus judicieux de s’en départir.

L’investisseur parfait n’existe pas

« En réalité, investir par soi-même et acheter systématiquement les indices est une stratégie qui fonctionne, mais pour cela elle requiert d’avoir un comportement parfait. » Bun Rith Nak précise que cette stratégie commence souvent très bien, mais que l’investisseur qui s’intéresse de plus en plus aux marchés va modifier son comportement au fil du temps et dévier de sa stratégie de départ.

« L’investisseur autonome qui a bien commencé devient plus attentif aux nouvelles, que ce soit les grands médias, TikTok ou Instagram, et à un moment donné, il commence à transiger plus souvent et fait des erreurs. Quand tout va bien, il arrête de suivre sa stratégie et lorsqu’il y a des baisses, ce sera dommageable pour son portefeuille. Maintenir le cap s’avère difficile, c’est ce que j’ai observé au fil de mes 29 ans dans l’industrie. »

Accompagner les investisseurs

Pour Bun Rith, ce qui fait la valeur ajoutée d’un bon conseiller c’est sa capacité à aider le client à mieux gérer ses réactions et suivre son plan. « Ma force a toujours été de dire non quand il le faut et maintenir le cap. Ma plus-value consiste à m’assurer que vous ne faites pas de mauvais coups, c’est-à-dire que je vous empêche de dévier de votre objectif. »

Pourriez-vous tout de même obtenir un rendement supérieur seul ? Aux clients qui ne peuvent résister à la tentation de se lancer dans l’aventure de l’investisseur autonome, Bun Rith Nak propose de faire l’essai avec une petite partie de leur patrimoine seulement. « Je leur suggère de comparer les rendements sans et avec un conseiller sur plusieurs années. En général, les clients réalisent ainsi la valeur des conseils financiers : ceux-ci leur permettent d’obtenir un rendement plus intéressant à long terme, malgré les frais. »

Faire appel à un conseiller en investissement permet de mieux gérer les émotions et les biais cognitifs, augmentant ainsi vos chances de succès avec le temps. Pour un accompagnement personnalisé et une gestion optimale de vos placements, n’hésitez pas à nous contacter.