Survol des marchés financiers | Fiera Capital – Septembre 2024
Contexte économique
Au cours des derniers mois, la croissance de l’économie mondiale est restée modeste. Dans la majorité des pays, les consommateurs et les entreprises continuent de subir les conséquences de la récente période de taux d’intérêt élevés. Par ailleurs, les pressions inflationnistes s’atténuent dans l’ensemble des pays. Cela a permis à plusieurs banques centrales de poursuivre la baisse des taux directeurs.
Au Canada, l’économie continue à éprouver certaines difficultés. La croissance du PIB a ralenti et le taux de chômage a augmenté. Bien que le taux d’inflation ait enfin atteint la cible de 2 %, les consommateurs vivent au quotidien avec les conséquences des hausses de prix des dernières années. Plusieurs doivent renouveler leurs emprunts hypothécaires à des taux supérieurs, ce qui affecte leur budget. Les ventes d’automobiles ont augmenté au cours de l’été, mais elles demeurent inférieures au niveau de décembre 2023. La faiblesse de l’économie a permis à la Banque du Canada de poursuivre le cycle de baisses de taux entamé en juin dernier.
Aux États-Unis, la croissance se maintient, mais à un rythme plus lent qu’en 2023. Au cours des derniers mois, la baisse du prix de l’essence a redonné confiance aux consommateurs. Ainsi, on observe une forte croissance des ventes d’automobiles. Notons toutefois la détérioration du marché de l’emploi. En effet, la hausse du taux de chômage et la révision à la baisse des données sur la création d’emplois ont fait sourciller la Réserve fédérale (Fed). Cette dernière, forte du double mandat de gardienne de l’inflation et de l’emploi, a décidé d’y aller d’un sérieux coup de barre en abaissant le taux directeur de 0,50 % lors de sa rencontre du 18 septembre.
Outremer, la croissance s’est améliorée par rapport à 2023. Les progrès sont tout de même modestes et la situation demeure fragile. L’économie mondiale n’est pas à l’abri des nombreux foyers de tension géopolitique. À titre d’exemple, le coût du transport maritime, qui avait augmenté en début d’année à la suite d’attaques au Moyen-Orient, est demeuré élevé. Le risque de dérapage du conflit en Ukraine est de plus en plus fort et constitue une source d’incertitude, notamment en Europe.
L’économie allemande s’est contractée au cours des derniers trimestres. Sa production industrielle a chuté : en l’espace de 18 mois, la production de véhicules et de produits électriques a diminué de près de 15 %. Heureusement, la croissance des autres pays de l’Union européenne compense partiellement ce recul. Au Royaume-Uni, la croissance a été relativement forte au cours des derniers trimestres, mais la situation pourrait changer. Le nouveau gouvernement travailliste déposera en octobre un budget qui pourrait amener une certaine austérité dans les dépenses de l’État.
En Chine, les difficultés se poursuivent. Le ralentissement, qui affectait surtout le secteur immobilier, s’est propagé à la consommation et à la production industrielle. Les autorités maintiennent des programmes de relance pour soutenir le secteur immobilier et la consommation. Les résultats sont peu probants. La croissance pourrait donc être inférieure aux ambitions du gouvernement chinois.
Malgré les nombreuses tensions géopolitiques, le prix du pétrole a baissé au cours du troisième trimestre. Le prix du baril est ainsi passé de 81,50 $ US à la fin juin à environ 72 $ US en fin de trimestre. Cela est dû à la baisse des anticipations de consommation pour les prochains trimestres.
Politique monétaire et titres à revenu fixe
Au troisième trimestre, plusieurs banques centrales ont poursuivi l’assouplissement de leur politique monétaire en abaissant leur taux directeur.
C’est notamment le cas de la Banque du Canada. On se souvient que cette dernière avait brisé la glace en abaissant son taux directeur de 0,25 % en juin. Elle a poursuivi sur cette tendance en procédant à deux baisses supplémentaires de 0,25 % en juillet et en septembre. Le taux directeur canadien s’établit donc à 4,25 %. Les marchés anticipent actuellement des baisses totales de 0,75 % d’ici la fin de 2024. La faible croissance de l’économie et la baisse progressive de l’inflation au pays donnent à la Banque du Canada une bonne marge de manœuvre pour continuer à baisser le taux directeur.
Aux États-Unis, la Fed a pris un peu plus de temps avant d’entamer son cycle de baisses de taux. À la mi-septembre, la baisse du taux d’inflation et le net ralentissement du marché de l’emploi ont toutefois convaincu les autorités monétaires de procéder à une baisse de 0,50 %. La Fed est particulièrement attentive au marché du travail. Son président, Jerome Powell, déclarait en septembre : « Si le marché du travail devait ralentir de manière inattendue, nous aurions la possibilité de réagir en réduisant les taux plus rapidement. »
En Europe, la Banque centrale européenne (BCE) et la Banque d’Angleterre ont tenu deux réunions chacune durant le troisième trimestre. Toutes deux ont décidé de réduire leurs taux de seulement 0,25%. Les autorités européennes font preuve de prudence puisque d’inflation demeure élevée. La BCE estime que le taux l’inflation sera en moyenne de 2,5 % cette année et de 2,2 % en 2025. Selon ses plus récentes prévisions, ce n’est qu’en 2026 que l’inflation passera finalement sous la barre du 2 %.
En toute fin de trimestre, la Chine a donné une nouvelle orientation à sa politique monétaire. Afin de stimuler l’activité économique, les dirigeants chinois ont décidé d’abaisser le taux d’intérêt payé sur les dépôts des banques à la banque centrale et de diminuer le ratio de réserves qu’elles doivent y conserver. Par ces mesures, la banque centrale chinoise vise à contribuer à l’atteinte de la cible de croissance du PIB de 5 %.
Les baisses de taux directeurs et les anticipations des baisses à venir ont changé l’allure de la courbe des taux. En effet, durant le troisième trimestre, la pente de la courbe de taux du marché obligataire canadien est redevenue normale. À la fin de juin, la courbe était inversée, c’est-à-dire que les obligations de courtes échéances se négociaient à des rendements plus élevés que celles d’échéances plus longues. En cette fin de troisième trimestre, les obligations du Canada d’échéance de 2 ans se négocient à environ 2,90 %, celles d’échéances de 10 ans à 2,95 % et celles d’échéances de 30 ans à plus de 3,10 %. C’est un retour à la normale. Dans l’ensemble des échéances, les taux ont baissé, ce qui a permis aux portefeuilles obligataires d’enregistrer des rendements positifs.
Le dollar canadien a fortement fluctué durant le trimestre. Le fait que la Banque du Canada ait précédé la Fed dans ses baisses de taux a contribué à la faiblesse du dollar canadien. Durant le troisième trimestre, celui-ci est passé de 0,731 $ US à 0,737 $ US après avoir touché un creux de 0,7208 $ US. Notons que la baisse du prix du pétrole a également contribué à la relative faiblesse de notre devise.
Marchés boursiers
Durant le troisième trimestre, les marchés boursiers ont affiché des rendements positifs et plusieurs indices ont touché de nouveaux sommets. Cette progression n’a toutefois pas été linéaire. Au contraire, les marchés ont traversé plusieurs périodes de forte volatilité. Ainsi, entre le sommet atteint à la mi-juillet et le creux du 5 août, l’indice NASDAQ a chuté de plus de 13 % alors que le S&P 500 a reculé de 8,5 %. Cette faiblesse des marchés s’explique surtout par les résultats financiers décevants et la surévaluation de certains géants de la techno-logie. Un scénario similaire semblait se dessiner en septembre, mais la décision de la Fed d’abaisser de 0,50 % son taux directeur a raffermi la confiance des investisseurs. À partir de la mi-septembre, la hausse des titres américains s’est propagée à l’ensemble des secteurs. Cela a permis à l’indice S&P 500 de terminer le trimestre près de nouveaux sommets.
Le marché boursier canadien a également connu un excellent trimestre. Les grandes et les petites capitalisations ont été soutenues par des résultats financiers généralement supérieurs aux attentes. Les baisses de taux directeur, la publication de plusieurs indicateurs économiques favorables et les bons résultats du secteur bancaire ont contrebalancé les baisses de prix de plusieurs ressources naturelles, comme le pétrole et le cuivre.
Durant le troisième trimestre, les marchés boursiers outremer ont également connu des périodes de volatilité. Pour l’ensemble du trimestre, les actions européennes ont enregistré des rendements plus modestes. Même le marché japonais, qui s’est illustré au cours des récents trimestres, a connu un recul.
À l’horizon
L’assouplissement des politiques monétaires devrait se poursuivre au cours des prochains trimestres. En Amérique du Nord, les indices d’inflation ont progressivement baissé et sont de retour à leur niveau cible. Bien que certaines pressions demeurent présentes dans les secteurs de l’immobilier et des salaires, les banques centrales semblent confiantes. Les baisses de taux devraient se poursuivre.
L’économie nord-américaine est en train de concrétiser l’atterrissage en douceur souhaité. En d’autres termes, les hausses de taux d’intérêt ont permis de combattre efficacement l’inflation sans provoquer de récession.
Ainsi, les consommateurs canadiens ont traversé une période difficile, la pandémie de COVID-19 ayant été suivie d’une explosion des prix, puis d’une forte hausse des taux d’intérêt. Plusieurs ménages ont dû modifier leurs habitudes de consom-mation, réduire certaines dépenses et faire des sacrifices. Malgré la baisse de l’inflation, les prix ne reviendront pas aux niveaux prépandémiques. Cependant, les rattrapages salariaux permettront à une majorité de retrouver leur niveau de vie souhaité.
La réalisation de cet atterrissage en douceur permettra le début d’un nouveau cycle économique. Au cours des 12 à 18 prochains mois, les marchés boursiers devraient donc connaître une période de croissance soutenue. Les rendements boursiers devraient dépasser ceux des obligations. Il faut toutefois souligner que les marchés ont récemment progressé de façon importante en anticipation de cet atterrissage en douceur. Nous croyons que l’amélioration des conditions économiques permettra aux entreprises d’accroître leurs bénéfices. Cela permettra aux rendements boursiers de continuer de progresser, toutefois à un rythme moindre qu’au cours des derniers mois.
En début de cycle économique, les actions des pays émergents et le marché boursier canadien sont normalement privilégiés. Ces marchés ont récemment accusé un peu de retard sur le marché boursier américain. Sur la base des ratios cours/bénéfices, les actions canadiennes constituent actuellement une aubaine, par rapport au marché américain.
À cet égard, dans les portefeuilles équilibrés où la politique de placement nous le permet, nous surpondérons actuellement les actions canadiennes et celles des pays émergents. En contre-partie, nous sous-pondérons légèrement les actions américaines et celles des autres marchés étrangers développés.