/  01 septembre 2017

Où en sommes-nous dans le cycle économique ?

Le présent cycle économique s’avère l’un des plus longs jamais enregistré. D’ailleurs, de nombreux spécialistes annoncent depuis déjà quelques années que la fin doit nécessairement approcher et qu’une récession se pointera inévitablement très prochainement. Qu’en est-il au juste ?

Commençons par rappeler ce qu’on entend par cycle économique. Comme vous pouvez le constater sur l’image ci-contre, un cycle complet est composé de quatre phases : le sommet, la récession, le creux et l’expansion. Interdépendantes, ces phases se répètent en boucle, dans un ordre précis.

Certains disent que la phase d’expansion de l’économie américaine est sur le point de se terminer, car elle dure depuis juin 2009, soit 99 mois. L’étude des 33 cycles depuis 1854 nous démontre que la durée moyenne d’une expansion constitue seulement 39 mois. Les trois derniers cycles d’expansion depuis 1982 ont toutefois été beaucoup plus longs que la moyenne, soit 92, 120 et 73 mois. La présente expansion est même la deuxième plus longue jamais enregistrée, derrière celle de 1991 à 2001.

Toutefois, l’expansion actuelle est plutôt atypique. Elle est beaucoup plus lente que ce à quoi nous étions habitués dans le passé. L’ampleur de la crise financière de 2008 a laissé des traces et, malgré les interventions massives des banques centrales, l’économie croît à un rythme environ deux fois moins rapide que par le passé. La présence de capacités excédentaires de production au sein de l’économie depuis la dernière récession tarde à se résorber. Cela fait en sorte que l’économie peut continuer à progresser, à générer des emplois, sans qu’il y ait surchauffe. L’inflation ne menace toujours pas et se situe encore en deçà de la cible de 2 %.

D’ailleurs, la création d’emplois se poursuit. En Europe, le taux de chômage se situe à 9,1 % alors qu’il avoisinait les 7 % avant 2008. Donc, pas d’inquiétude concernant une pénurie prochaine de main-d’œuvre. Au Canada, le taux de chômage s’établissait à 6,2 % en août dernier. La situation demeure toutefois plus serrée aux États-Unis où le chômage atteint 4,3 %, un taux très proche des creux cycliques des 50 dernières années. Théoriquement, des pressions à la hausse sur les salaires devraient commencer à se faire sentir. Si cela se produit, les marges bénéficiaires pourraient se resserrer. Les entreprises réduiraient alors leurs investissements. Et si cela survient au même moment que les banques centrales adoptent une politique monétaire plus restrictive, la table est mise pour une fin de cycle !

Vous aurez compris que dans la vraie vie, tout n’est pas si simple. D’ailleurs, les banquiers centraux ont beau être conseillés par les personnes les plus qualifiées et les mieux outillées, ils avancent à tâtons et ont souvent été critiqués, voire pointés comme responsables de plusieurs fins de cycle. Les banques centrales surveillent actuellement de près l’inflation. Jusqu’à tout récemment, la déflation semblait être leur pire ennemi. On sait maintenant qu’ils redoutent le retour de l’inflation et c’est pourquoi les taux d’intérêt ont commencé à grimper.

Pourquoi les investisseurs veulent-ils tant savoir où nous en sommes dans le cycle ? Parce que les rendements boursiers sont à leur meilleur à partir du creux et qu’ils plafonnent vers la fin de l’expansion. On dit d’ailleurs que les marchés boursiers constituent un bon indice précurseur de l’économie puisqu’ils chutent généralement 6 à 9 mois avant le début d’une récession.

Alors, gardons un œil sur l’inflation et rappelons-nous que la prochaine fois que vous entendrez le bulletin de nouvelles de fin de soirée vous annoncer que notre économie est entrée en récession, ce ne sera plus le temps de vendre vos actions (car elles auront fort probablement déjà chuté depuis 6 à 9 mois), mais plutôt l’occasion d’en acquérir à bon prix pour profiter inévitablement de la prochaine reprise !

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Pour plus d’information concernant les cycles économiques américains, consulter le site du National Bureau of Economic Research (www.nber.org)