Être victime de fraude, ça n’arrive pas qu’aux autres !
Suite à des informations qui nous ont été livrées par le groupe d’Enquête et Sécurité KPMG inc., voici une chronique au sujet des fraudes et des arnaques les plus fréquentes et des moyens de prévention pour éviter de se laisser tromper.
La fraude par paiement anticipé
La technique utilisée consiste à obtenir un ou plusieurs paiements (en argent comptant, par chèque ou par carte de crédit) pour des produits ou des services inexistants ou dont la valeur n’est nullement équivalente au prix payé. Les fraudeurs agissent à distance et utilisent généralement le téléphone et des casiers postaux. Une fois que les personnes fraudées réalisent que l’entreprise n’existe pas, il leur est impossible de retracer les fraudeurs et leur argent est perdu.
Pour se prémunir contre ces techniques, il est fortement conseillé de :
- ne jamais traiter à distance, à moins d’amorcer soi-même la transaction;
- prendre bien soin de vérifier l’existence de l’entreprise, son siège social, sa notoriété et sa réputation;
- redoubler de prudence lorsqu’on est invité à signer un contrat d’achat qui prévoit des paiements échelonnés et à donner le numéro d’une carte de crédit.
Des lettres du Nigéria ou d’autres pays étrangers
Plusieurs personnes reçoivent une lettre ou un courriel provenant d’un pays étranger (très souvent le Nigéria) et se voient proposer une participation à une importante et discrète sortie de fonds du pays concerné. Selon les promoteurs de l’offre, cette opération, qui se chiffre à plusieurs millions de dollars, ne peut être effectuée normalement, et ce, pour des raisons d’ordre légal ou politique; d’où la promesse d’une importante commission (quelques millions de dollars) à ceux qui acceptent d’y collaborer.
Pour faciliter ce transfert de fonds, les personnes sollicitées doivent investir une somme « minime », en l’occurrence quelques dizaines de milliers de dollars, afin d’acquitter certains frais judiciaires, de payer certaines taxes, des pots de vin, etc. Les futurs collaborateurs sont alors priés de transmettre des renseignements bancaires pourtant confidentiels.
Cette sortie de fonds étant purement fictive, les personnes qui acquiescent à l’offre et fournissent les renseignements demandés se font littéralement plumer, sans aucune possibilité de revoir un jour la couleur de leur argent.
L’appât est trop gros pour que quiconque morde à ce genre d’hameçon? Détrompez-vous! La GRC estime que les Canadiens ont perdu environ 30 millions de dollars dans ce type de fraude, et que 10 000 à 15 000 lettres de ce genre ont circulé au pays au cours des 10 dernières années.
Pour éviter de tomber dans un tel piège :
- il ne faut jamais répondre à ce genre de lettres « urgentes et confidentielles », si convaincantes soient-elles;
- il faut s’abstenir de fournir quelque renseignement personnel que ce soit (coordonnées, numéro de compte de banque, etc
Les personnes qui reçoivent une correspondance de cette nature feraient d’ailleurs œuvre utile en la transmettant sans délai au centre d’appels de la GRC PhoneBusters (téléphone sans frais :1 888 495-8501; ou par télécopieur :1 888 654-9426; ou par courriel :info@phonebusters.com)
Vente de titres fictifs à haut rendement
Le stratagème consiste à vendre des titres inexistants. Pour y parvenir, les fraudeurs font miroiter des rendements nettement supérieurs à ceux du marché, en prétextant que ce type d’investissement est généralement réservé aux investisseurs institutionnels (lettres de crédit, billets ou billets de banque «bank notes», etc.) ou aux transactions extraterritoriales (offshore).
Dans certains cas, l’argent recueilli auprès des derniers investisseurs sert à verser les premiers paiements d’intérêt aux acheteurs initiaux, et ce, dans le seul et unique but d’« endormir » ces derniers et leurs proches et de les convaincre de réinvestir. Un jour ou l’autre, les victimes réalisent que les vendeurs sont introuvables, que leurs titres n’ont aucune valeur et que leur capital est perdu.
Pour éviter de se faire prendre de cette façon, il est fortement recommandé de :
- ne traiter qu’avec des maisons et des personnes qui détiennent les permis de pratique requis et qui sont agréés par les instances réglementaires, comme la Commission des valeurs mobilières du Québec (CVMQ), le Bureau des services financiers du Québec (BSF), etc.;
- s’assurer de bien comprendre la nature de l’investissement, en exigeant le prospectus et en faisant les vérifications requises auprès de la CVMQ;
- consulter un professionnel.
En cas de doute, il est toujours préférable de s’abstenir.
Systèmes pyramidaux
Mis au point en 1900 par un dénommé Charles Ponzi, ce système d’investissement à paliers fait encore trop de victimes, un siècle plus tard!
Similaire aux chaînes de lettres, son principe consiste à recruter des participants qui adhèrent en payant un montant à leurs prédécesseurs dans l’organisation, et qui recrutent à leur tour d’autres participants. Ces derniers rémunéreront eux aussi leurs prédécesseurs dans la pyramide et recruteront à leur tour d’autres participants, etc.
Le principe de croissance exponentielle assure des entrées de fonds rapides et impressionnantes à ceux qui mettent la pyramide sur pied. Par contre, le plafonnement inévitable du recrutement finit toujours par détruire le système… et les investissements des participants!
Ce système est toujours voué à l’échec car, comme le démontre le diagramme ci-dessous, une pyramide de cinq personnes doit comprendre, au 10e niveau, près de 10 millions de participants.
5
25
125
625
3 125
15 625
78 125
390 625
1 953 125
9 765 625
Dans ce genre de fraude, les conseils de prévention à suivre sont les suivants :
- ne jamais investir dans un système qui nécessite ou bonifie le recrutement d’investisseurs;
- s’assurer de bien comprendre la nature du produit;
- se renseigner auprès des autorités réglementaires ou faire effectuer une vérification indépendante.
Le vol d’identité
Dans ce cas-ci, les fraudeurs usurpent l’identité de quelqu’un pour commettre une fraude ou obtenir du crédit. Pour ce faire, ils accumulent les renseignements nécessaires à leur crime (numéro d’assurance sociale, date de naissance, adresse, numéro de compte bancaire, etc.).
Pour y arriver, tous les moyens sont bons : vol de porte-document, sondage postal bidon, fouille des poubelles, vol de courrier dans la boîte aux lettres du destinataire. Dans certains cas, les fraudeurs privilégient une approche directe, comme une fausse vérification téléphonique de la part de « votre banque » ou de « votre compagnie de carte de crédit ». Depuis peu, ils obtiennent également ces renseignements au moyen de courriels fictifs de « votre fournisseur Internet ».
Avec toutes ces informations en mains, un « bienfaiteur » est en mesure de commettre facilement une fraude, d’obtenir aisément du crédit, etc. Ce n’est souvent que plus tard que la victime réalise avec stupeur que de nombreux prêteurs sont à sa recherche… et que son dossier de crédit comporte beaucoup plus de pages qu’elle ne le croyait!
Pour se prémunir contre ce type d’arnaque, il faut :
détruire ses relevés bancaires, reçus de guichet, comptes de cartes de crédit, préférablement à l’aide d’une déchiqueteuse… ou dans le foyer!;
dans tous les cas de vol ou de perte de documents, aviser sans attendre toutes les sociétés concernées (banques, cartes de crédit, etc.);
rapporter sans délai aux institutions concernées toutes les transactions non autorisées, si minimes soient-elles;
vérifier annuellement son dossier de crédit et, s’il y a lieu, le faire corriger.
Promotion frauduleuse d’un titre
Les fraudeurs achètent une grande quantité d’actions d’une petite société, peu connue et cotée en bourse. Ensuite, ils font une promotion massive de cette société, par voie de publicité, de communiqués ou de lettres financières frauduleuses.
Les investisseurs commencent alors à s’intéresser au titre de la société. Ils le recommandent et achètent des actions, ce qui pousse à la hausse la valeur de ces dernières. Plus la valeur monte, plus les investisseurs s’y intéressent et plus le titre monte. Puis vient le moment où les fraudeurs vendent en masse leur position. Résultat? Le titre s’effondre et tous les autres investisseurs perdent. Il ne reste plus aux fraudeurs qu’à recommencer avec un autre titre.
Grâce à Internet, qui facilite la transmission de renseignements de toutes sortes et qui garantit l’anonymat des promoteurs, cette vieille technique a repris récemment du poil de la bête.
À cet égard, les recommandations suivantes s’imposent :
toujours faire affaire avec des maisons ou des professionnels reconnus;
se méfier de la publicité, des communiqués ou des lettres financières provenant d’« on ne sait où »;
vérifier la valeur des informations reçues;
toujours demeurer conscient du caractère hautement spéculatif des titres de petites sociétés peu connues.
La fraude immobilière
Dans ce cas-ci, les arnaqueurs vendent une propriété, un terrain, un « temps partagé » (time sharing) ou tout autre type d’investissement immobilier, au pays ou à l’étranger. Bien entendu, l’offre est exceptionnelle et des plus attrayantes.
On exerce une pression intense sur les victimes pour qu’elles agissent très rapidement, prétextant que les quantités sont limitées, les prix à la hausse… et le notaire, disponible immédiatement! Outre cette pression indue du vendeur, le contrat est généralement ambigu et le délai de réaction très très court.
Si, par « bonheur », l’investisseur se retrouve avec une propriété immobilière qui existe vraiment, la valeur de cette dernière ne correspond nullement à l’importance de l’investissement.
Comment se protéger contre ce type de fraude?
- se méfier des photos et visiter les lieux;
- s’informer sur les revenus de location et sur la disponibilité des services promis;
- obtenir une évaluation d’un tiers expert indépendant;
- vérifier le zonage et les règlements relatifs à la construction, incluant les permis;
- vérifier la réputation et l’accréditation du courtier immobilier;
- ne jamais signer sous pression.
La vente d’œuvres d’art ou d’objets de valeur
Après avoir fait de nombreuses « victimes » parmi les médecins, cette fraude est réapparue récemment. Les toiles de peintres célèbres ont cependant fait place aux objets de valeur tels que les meubles anciens.
Les fraudeurs abordent leurs victimes en leur offrant d’acheter un objet dont le potentiel de revente est très intéressant. À prime abord, l’investissement pour acquérir un premier objet est raisonnable. Laissé en consignation aux fraudeurs, cet objet est vite revendu (fictivement), avec un gain intéressant qui n’est cependant jamais versé à l’investisseur. En effet, le vendeur convainc son client de réinvestir le tout dans l’achat d’un autre objet encore plus prometteur.
Après quelques achats et rachats fictifs très profitables qui ne servent qu’à gagner la confiance de leurs victimes, les fraudeurs proposent un objet qui nécessite cette fois un investissement additionnel important. Les personnes qui se laissent séduire sont alors les propriétaires « théoriques » d’un magnifique objet qui ne sera plus jamais revendu. La très grande majorité des victimes finissent par découvrir que tous ces magnifiques objets ont été vendus à plusieurs personnes à la fois et que leurs valeurs ne sont aucunement comparables à l’importance des sommes investies.
Pour éviter de se retrouver dans une situation aussi fâcheuse, il est impératif de :
- faire affaire avec des galeries respectables (il ne s’agit cependant pas d’une garantie absolue);
- faire évaluer l’objet par un tiers expert indépendant;
- se méfier des photos et vérifier le parcours de l’objet au cours des dernières années;
- ne jamais se fier aux catalogues des ventes à l’encan pour établir la valeur du bien.
En guise de conclusion
L’imagination des fraudeurs n’a pas de limites, comme en font foi la multitude de techniques de plus en plus perfectionnées qu’ils mettent au point. Les plus récentes consistent à substituer une carte de débit au guichet (les personnes âgées en sont les principales victimes), ou encore à annoncer, par télémarketing, un gain à la loterie qu’il est possible de toucher à la condition d’envoyer un montant d’argent pour couvrir les taxes, impôts, droits de transfert et frais de livraison… d’un gros lot qui s’avère fictif.
La liste des techniques frauduleuses que nous avons dressée dans ces deux articles est loin d’être exhaustive. Il en existe plusieurs variantes, parmi lesquelles il faut souligner le retrait du REER sans imposition, la vente de publicité qui ne sera jamais produite, le don à un organisme de charité bidon.
À la lumière de ce qui précède, nous pouvons tirer les leçons suivantes :
- Toujours faire affaire avec des institutions et des individus reconnus et dûment agréés par les instances appropriées ;
Se méfier des investissements qui comportent des promesses de rendement supérieur au marché ;
Toujours vérifier et concilier ses états de compte (banque, carte de crédit, etc.) ;
Détruire, avant de les jeter, les documents contenant des informations qui peuvent être utilisées par des fraudeurs et ne jamais fournir de renseignements financiers personnels ;
Craindre les contrats ambigus et fuir les investissements nébuleux ;
Ne pas hésiter à consulter un expert indépendant ;
Agir avec la plus grande prudence dans les transactions à distance, que ce soit par Internet ou téléphone; ne jamais s’engager si l’on n’a pas amorcé soi-même la transaction et, surtout, ne jamais payer d’avance un produit ou un service ;
Ne jamais signer de promesse d’achat ni de contrat sous la pression ;
Ne jamais adhérer à des systèmes nécessitant le recrutement d’autres personnes ;
Utiliser son gros bon sens (GBS) et se méfier en tout temps de ce réflexe très humain qu’est l’avidité.
Porter plainte, c’est capital !
Il est très important de porter plainte auprès des corps policiers lorsqu’on est victime d’une fraude. Contrairement à ce que croient la majorité des victimes, cette situation n’a rien de honteux.
Des sites Internet pour vous informer
Les sites Internet suivants fournissent de nombreuses informations pertinentes sur les fraudes économiques :
Gendarmerie royale du Canada
www.rcmp-grc.gc.ca et www.phonebusters.com
Industrie Canada
http://strategis.gc.ca
Autorité des marchés financiers
www.lautorite.qc.ca
Service de police de la Ville de Montréal
http://www.spvm.qc.ca/