Les fiducies de revenu – I
Une fiducie de revenu est un type de structure d’entreprise. Au lieu d’émettre des actions, la société crée une fiducie dans laquelle elle transporte une partie de ses revenus qu’elle offre par la suite à l’épargne publique. La fiducie verse alors la totalité de ses revenus, moins ses frais, aux investisseurs. Pour les entreprises dont les revenus sont importants, il s’agit d’un mode de financement pratique et peu coûteux, particulièrement dans une période marquée par un ralentissement de la demande pour des actions.
Il existe trois grandes sortes de fiducies de revenu, soit :
1) les fiducies de redevances qui tirent leurs revenus d’une propriété de ressources naturelles (pétrole, mines, etc.) ;
2) les fiducies de placement immobilier qui rapportent un revenu locatif et
3) les fiducies commerciales dont les revenus proviennent de l’exploitation d’une entreprise, par exemple les Pages Jaunes dans le domaine de la publicité ou A&W dans celui de la restauration.
Le dénominateur commun des fiducies de revenu est que leurs revenus proviennent généralement de secteurs de l’économie arrivés à maturité, dans lesquels les revenus sont importants et les occasions de réinvestissement, moins intéressantes.
Un des avantages de ces fiducies réside dans le fait que, contrairement à une action de société où les revenus sont imposés tant au niveau de la société qu’au niveau de ses actionnaires, elles peuvent verser leurs revenus directement à leurs détenteurs qui sont les seuls à être imposés.
Les parts des fiducies de revenu sont inscrites à la Bourse de Toronto et leurs valeurs sont disponibles dans diverses pages financières. Ces parts s’achètent et se vendent comme des actions, par l’entremise d’un courtier en valeurs mobilières. Il est également possible d’acquérir des parts de fonds communs de placement spécialisés dans l’achat de fiducies de revenu, afin de bénéficier de l’expertise de gestionnaires spécialisés et aguerris.
Revenus ou distribution de capital
Compte tenu des revenus réguliers que les fiducies de revenu procurent, les investisseurs ont souvent tendance à confondre ce type de placements avec des titres à revenus fixes tels que les obligations. Pourtant, il n’en est rien.
D’une part, comme nous l’avons mentionné précédemment, les rendements des fiducies proviennent en grande partie de l’appréciation de leur valeur marchande. D’autre part, elles engendrent des distributions régulières. Cependant, ni le capital ni les versements de revenus ne sont garantis. La valeur marchande des fiducies de revenu varie en Bourse en fonction de deux facteurs principaux : les taux d’intérêt et le prix de la matière première sous-jacente (dans le cas des fiducies de redevances) ou de l’évolution du secteur économique (dans les autres types de fiducies).
La distribution de capital est une autre raison qui devrait inciter les investisseurs à être prudents avec ce type d’investissement. En effet, afin de maintenir leur niveau de distribution et de diminuer les répercussions fiscales de leur distribution (les distributions de capital n’étant pas imposables), plusieurs fiducies de revenu distribuent non seulement la totalité de leurs revenus, mais également une part de leur capital. Ce faisant, elles érodent leur valeur intrinsèque. Ainsi, sous des apparences de revenus, les investisseurs touchent mensuellement une part de leur capital qui ne saurait se matérialiser, à plus ou moins long terme, dans la valeur marchande de leurs parts.
Dans un REER ou non ?
Plusieurs investisseurs se demandent s’il est préférable, sur le plan fiscal, de détenir des fiducies de revenu à l’intérieur ou à l’extérieur d’un REER. Cette question est complexe, car chaque fiducie de revenu a ses caractéristiques propres. Pour répondre à cette question, il faut vérifier le prospectus de chacune des fiducies de revenu afin de connaître la part de revenu et de capital distribuée.
De plus, il existe, dans le secteur des ressources, de nombreux dégrèvements d’impôt qui font en sorte qu’une part importante des distributions n’est pas imposable immédiatement. Elle l’est cependant plus tard, sous la forme de gains en capital. De façon générale, compte tenu du fait qu’une part plus importante des revenus n’est pas imposable au cours des premières années, les spécialistes sont d’opinion qu’il est préférable de conserver hors REER des fiducies de revenu, du moins au départ. Par la suite, lorsque les revenus non imposables diminueront, elles pourront être transférées dans un REER.
Facteurs de risque
Comme tout investissement en valeurs mobilières, l’achat de fiducies de revenu comporte des risques.
En effet, les titres de ces fiducies sont particulièrement sensibles à la hausse des taux d’intérêt. Puisque leurs rendements sont, dans une grande proportion, basés sur leur taux de distribution de revenus, les fiducies sont devenues, au cours des dernières années, des substituts aux titres à revenus fixes. Advenant une hausse des taux d’intérêt, elles deviendraient moins attrayantes et leur valeur marchande s’en trouverait alors réduite d’autant.
De plus, étant donné que leurs revenus proviennent d’une source étroitement liée au prix d’une ressource ou à la performance d’un secteur économique précis, le taux et la régularité des distributions s’en trouvent affectés, autant que la valeur marchande de la part. À cet égard, nous n’avons qu’à penser à l’impact d’une chute importante du prix du pétrole sur le taux de distribution et la valeur marchande des fiducies de revenu dont les revenus proviennent de ce secteur.
Dans un prochain article, nous examinerons les conséquences de l’intégration des fiducies de revenu dans l’indice S&P/TSX de la Bourse de Toronto.