À quoi servent les programmes d’assouplissement quantitatif ? – I
Depuis la crise financière et la grande récession de 2008-2009, on a beaucoup parlé des programmes d’assouplissement quantitatif que les banques centrales de plusieurs grandes puissances mondiales ont mis en place dans le but de relancer la machine économique de leurs pays respectifs. En quoi consistent ces programmes ? À quoi servent-ils exactement et quels résultats ont-ils donnés à ce jour ? Voici un bref retour sur une mesure ayant pour but de relancer la croissance économique de façon durable.
À l’automne 2008, en plein cœur de la crise financière, les citoyens nord-américains entendent pour la première fois parler d’assouplissement quantitatif (quantitative easing), lorsque le président de la banque centrale des États-Unis, aussi appelée Réserve fédérale américaine ou Fed, M. Ben Bernanke, annonce qu’il mettra en branle des programmes d’achat d’actifs à grande échelle.
Rappelons les faits et le contexte. En mars 2008, la banque Bear Stearns fait faillite. Elle entraîne dans son sillage, en septembre 2008, la banque d’affaires Lehman Brothers, quatrième banque d’investissement en importance aux États-Unis, qui fait également faillite en raison de sa trop grande exposition aux titres hypothécaires à risque (subprimes) ayant fait l’objet de défauts de paiement massifs dans la foulée de la crise immobilière américaine de 2007.
Deux jours après l’effondrement de Lehman Brothers, c’est le géant Merrill Lynch, la plus grande banque d’affaires américaine, qui risque à son tour de s’écrouler, avant d’être racheté par la Bank of America.
On se rend alors compte que le système financier international est soudainement fragilisé par la récession qui frappe l’économie des pays industrialisés.
Beaucoup de grandes banques n’ont pas les capitaux suffisants pour couvrir les risques associés à leurs portefeuilles de prêts. C’est le cas notamment de la banque Barclays de Londres, de la Royal Bank of Scotland et de la Société Générale de France.
En novembre 2008, le président de la Fed lance son premier programme d’assouplissement quantitatif afin de soulager les établissements financiers américains d’une partie de leur fardeau, en leur rachetant pour 600 G $ de titres hypothécaires. Il sauve alors de la faillite les agences hypothécaires Fannie Mae et Freddie Mac.
Pour faire face à la récession et stimuler l’activité économique, la Fed a déjà ramené son taux directeur* à son seuil minimal, soit entre 0 % et 0,25 %, afin d’inciter les consommateurs et les entreprises américaines à réinvestir.
En facilitant l’accès au crédit, la Fed espère relancer l’activité économique. Mais rien n’y fait ! Les banques n’ont pas les fonds disponibles et ne veulent ni ne peuvent alourdir leur passif.
En plus de maintenir les taux d’intérêt à leur minimum, la Fed poursuit son initiative d’assouplissement quantitatif et procède, en mars 2009, au rachat de 300 G $ d’obligations du Trésor, de 750 G $ additionnels de dettes hypothécaires et de 100 G $ de dettes bancaires. Le but de l’opération est toujours le même, soit redonner des capitaux aux banques pour qu’elles puissent les mettre à la disposition de leurs clients et relancer par le fait même l’activité économique.
La reprise étant toujours hésitante, la Fed reconduit, en 2010 et en 2012, deux nouveaux programmes d’assouplissement quantitatif. Le premier prévoit le rachat de 600 G $ d’obligations du Trésor, et le second consiste à racheter chaque mois l’équivalent de 85 G $ de titres de dettes, soit 40 G $ de dettes hypothécaires et 45 G $ d’obligations à long terme.
En novembre 2014, après six années de rachats de titres de dettes, la Fed met fin à son programme d’assouplissement quantitatif, l’économie américaine montrant des signes de reprise forte et durable. En effet, il s’est créé en moyenne 300 000 nouveaux emplois par mois au cours des quinze mois précédents.
À cet égard, on peut affirmer que le programme américain d’assouplissement quantitatif a été un succès, d’autant plus que les faibles taux d’intérêt ont permis de redonner de la vigueur aux marchés boursiers américains qui ont régulièrement franchi, tout au long de 2014, de nouveaux sommets historiques.
Suite dans le prochain numéro.