Cet article complète celui du mois dernier.

Contribution économique — Secteur privé

Depuis une quinzaine d’années (tableau 1), les économies de la Chine et de l’Inde ont maintenu les contributions respectives des différents agents à la croissance économique.

Malgré le régime centralisateur communiste chinois, la proportion du PIB consommée par le gouvernement ne représente que 12 % de la demande interne, tout comme en  Inde et au Canada.

Par contre, ce sont les investissements (infrastructures, énergie, transport, communication, gestion de l’eau, etc.) qui distinguent la Chine de l’Inde, avec un rythme de croissance spectaculaire qui stimule d’autant les gains de productivité manufacturière qui la caractérisent. Cette abondance de capitaux disponibles est possible grâce au taux d’épargne de plus de 40 % du PIB dont jouit la Chine depuis une quinzaine d’années et qui a des effets multiplicateurs sur le rythme de croissance économique.

Pour sa part, le taux d’épargne en Inde s’est maintenu à la moitié du taux chinois, soit autour de 20 %, au cours de cette même période. Étant donné la disponibilité moindre des capitaux, les politiques économiques ont plutôt favorisé les détenteurs de ces mêmes capitaux (en élevant des barrières à la concurrence, comme l’allocation de permis et de quotas) au détriment de l’atteinte d’un rythme de croissance plus élevé.

Par conséquent, la demande intérieure de l’Inde est dominée par le secteur de la consommation privée, c’est-à-dire des ménages qui consomment des biens durables ou non, secteur qui subit l’influence à son tour de l’accroissement du revenu disponible de la population (baisses d’impôt, augmentation des salaires et des revenus de placement).

Contribution économique — Régimes politiques

Plusieurs observateurs dénoncent le non-respect des libertés individuelles en Chine et reconnaissent le régime démocratique de l’Inde. Il n’en demeure pas moins que le pouvoir central chinois constitue la clé d’une croissance rapide soutenue, tandis que le modèle démocratique indien s’avère un fardeau important pour la croissance économique du pays.

Plus précisément, la détermination des autorités politiques chinoises à développer le pays, économiquement et financièrement, a fait en sorte de favoriser des politiques macroéconomiques, comme les expérimentations régionales avec le système capitaliste, la direction du développement infrastructurel et économique des différentes régions  ainsi que l’allègement de la réglementation sur le commerce externe.

Croissance ou profits ?

Il y a souvent confusion entre croissance économique et croissance boursière. Un système juridique efficace qui soutient le respect des contrats, assorti d’une contrainte de capitaux, peut permettre aux entreprises concurrentielles de produire de protéger des profits des plus considérables.

Toutefois ces ingrédients ne sont pas nécessaires pour la croissance économique d’un pays en voie de développement.  L’expérience chinoise prouve qu’il est possible de diriger une croissance économique rapide en créant des marchés de consommation efficaces et en investissant de façon importante dans les infrastructures. La croissance chinoise est due à la canalisation efficace du fort taux d’épargne en investissements. Cet état de fait solidement établi continuera d’attiser un rythme de croissance accéléré tout au long de la prochaine décennie, indépendamment des progrès relatifs à la protection des droits de la personne, au système juridique ou à la libéralisation des marchés financiers.

Contrairement à la Chine, l’Inde compte un nombre important de très grandes entreprises privées, cotées en Bourse et oeuvrant dans un marché international très concurrentiel. La Chine ne possède pas de telles entreprises, ses plus importantes étant des sociétés d’État. Souvent alourdies par la main-d’œuvre et les dettes, ces dernières n’ont pas nécessairement comme objectif la maximisation des bénéfices, car elles sont plutôt préoccupées à accroître leurs revenus.  En effet, plus l’entreprise est grande et emploie un nombre élevé de personnes, plus elle est susceptible de bénéficier de l’appui de l’État lorsqu’elle est en difficulté.  Les sociétés privées tendent alors à être beaucoup plus petites, à fonctionner avec des marges bénéficiaires des plus minces et dans des marchés des plus concurrentiels; elles n’ont pas accès au financement des marchés des capitaux intérieurs ou internationaux.

Par conséquent, le rendement des actions en Bourse a généralement été plus élevé en Inde qu’en Chine et devrait continuer de l’être.

(Premier de deux articles)

Depuis longtemps, on parle de l’intégration, dans l’échiquier mondial, de ces deux économies géantes de par leurs populations, mais si différentes de par leurs institutions, leurs infrastructures et leurs marchés financiers.

En raison de l’importance du sujet, l’intégration de ces deux pays dans les dynamiques commerciales et financières mondiales occupe une grande place dans les discussions des investisseurs, non seulement du fait de l’entrée de la Chine au sein de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et du boom technologique de la dernière décennie, mais également en raison de l’afflux de liquidités et de l’enthousiasme (peut-être même un peu euphorique) que suscitent les titres de ces pays.

Bien que la Chine affiche un rythme de croissance réelle moyenne de son économie de près de 10 % depuis une vingtaine d’années (rythme d’ailleurs plus rapide que celui de l’Inde au cours de la même période qui s’élève à 5 %), cette croissance n’équivaut pas nécessairement à un meilleur rendement sur le parquet de la Bourse.

Performance boursière

Les tableaux 1 et 2 illustrent en effet le rendement des Bourses de la Chine, de l’Inde et de l’ensemble des pays en voie de développement, cumulativement depuis 1992 et depuis le creux des marchés boursiers, en 2002.  Depuis 1992, la Chine a accumulé un retard important face à la plupart des pays émergents; depuis 2002, elle n’atteint que le rendement moyen de l’ensemble de ces pays, ce qui la positionne bien loin derrière la Bourse indienne.

Pourquoi cette différence entre les performances de l’économie et de la Bourse de ces pays?

Contribution économique — secteur agricole

Il faut d’abord garder en perspective que la Chine et l’Inde sont deux pays en voie de développement et que l’origine de leurs croissances économiques respectives est différente de celle des pays industrialisés.

Au cours du vingtième siècle, ces derniers ont vu leurs économies passer d’un fondement manufacturier à un fondement de services. Aujourd’hui, par exemple, plus de 65 % du PIB du Canada repose sur la prestation de services.  Cette transformation a réduit considérablement la volatilité du cycle économique, car l’accumulation et la liquidation d’inventaires et de main-d’œuvre accentuaient l’amplitude des récessions et des expansions.

De la même façon, une économie fondée davantage sur le secteur agricole est encore plus volatile qu’une économie manufacturière, mais surtout plus imprévisible, car elle dépend plus des aléas des conditions météorologiques et des récoltes.

Au cours des 15 dernières années (voir le tableau 3), la Chine a fait plus de progrès que l’Inde pour réduire la proportion de son économie fondée sur l’agriculture. Toutefois, l’Inde a toujours  préservé, depuis cette période, un avantage marqué,  en raison de la proportion de son produit intérieur provenant du secteur des services.

Par conséquent, l’économie chinoise est aujourd’hui très liée au cycle de la demande mondiale des biens manufacturés, étant donné que plus de 53 % de son PIB est lié au secteur de l’industrie; de son côté, l’économie de l’Inde est moins sensible à ce même cycle, mais plus dépendante de la température.

Dans le prochain texte, nous aborderons les contributions du secteur privé et des régimes politiques ainsi que les  composantes de la croissance économique de ces deux pays.

Nous voici de nouveau à cette période de l’année où le REER est l’objet de très nombreuses communications de la part des institutions financières qui multiplient les messages réitérant l’importance d’accorder toute l’attention nécessaire à une planification financière rigoureuse en vue d’une retraite confortable et sereine.

Personne ou presque ne devrait donc ignorer l’utilité indéniable d’un REER pour épargner tout en bénéficiant d’avantages fiscaux très intéressants. En effet, en plus de profiter d’une déduction de son revenu imposable établie en fonction des cotisations versées, toute personne détenant un REER tire avantage de revenus non imposés, tant et aussi longtemps qu’elle conserve dans son régime les sommes d’argent qu’elle y investit.

En ce qui a trait à la déclaration de revenus de 2006, la date limite pour cotiser à un REER est le 1er mars 2007. Il est possible d’y verser 18 % des revenus admissibles de 2005, jusqu’à un maximum de 18 000 $, moins le facteur d’équivalence (FE) pour les personnes participant à un régime de pension agréé (RPA) ou à un régime de participation différé aux bénéfices (RPDB).

Le rendement, c’est très important

Attendre la date limite permise pour cotiser s’avère une décision coûteuse, car les retardataires ne profitent pas pleinement des rendements qui sont pourtant un élément très important à prendre en considération. En agissant de la sorte, beaucoup de personnes ne pensent qu’aux seules économies d’impôt qu’elles peuvent réaliser, mais évaluent incorrectement leurs placements.

Le tableau ci-dessous permet d’évaluer la différence entre les revenus accumulés en raison de contributions annuelles de 19 000$ (le maximum permis pour l’année d’imposition 2007) effectuées en début d’année, et dont les rendements annuels composés moyens sont respectivement de 6%, de 7% et de 8%.

Rendement
Nombre d’années 6 % 7 % 8 %
10 265 461 $ 280 888 $ 297 264 $
15 468 778 $ 510 873 $ 557 161 $
20 740 862 $ 833 438 $ 939 036 $
25 1 104 971 $ 1 285 853 $ 1 500 134 $
30 1 592 232 $ 1 920 388 $ 2 324 571 $
35 2 244 296 $ 2 810 356 $ 3 535 941 $

 

Attention aux honoraires de gestion !

Même si elle décide de cotiser à son REER à la toute la dernière minute, une personne avisée doit prendre le temps de s’informer des honoraires de gestion,  sans quoi elle risque de se pénaliser, la moindre différence étant significative.

En effet, si l’on considère deux fonds communs de placement équilibrés similaires offrant des rendements comparables, une simple différence de 2 % quant aux frais de gestion a des répercussions considérables sur les résultats à long terme. Par exemple, si le premier fonds exige des frais de gestion de 1 % et le second 3 %,  l’actif accumulé après 35 ans y sera supérieur de 58 %, soit de 3,1 millions de dollars contre 1,9 million $!

Cotiser dans le REER de son conjoint

Une personne disposant d’un revenu supérieur à celui de son conjoint à la retraite devrait considérer sérieusement la possibilité de cotiser au REER de ce dernier.

En versant des cotisations dans le REER de son conjoint jusqu’à concurrence du montant maximal auquel elle a droit, sans réduire pour autant ses propres droits de cotisation, cette personne bénéficiera d’une déduction identique à celle qu’elle aurait obtenue, si elle avait cotisé à son propre REER.

Par contre, lorsque le moment sera venu d’encaisser le REER, seul le détenteur du régime (le conjoint, le cas échéant) sera imposé sur le montant du retrait. Si ses revenus annuels sont inférieurs, l’impôt à payer sera alors moindre. De plus, si le conjoint est plus jeune que la personne qui contribue, l’argent pourra demeurer dans le REER plus longtemps, la limite étant fixée à la fin de l’année où le détenteur atteint l’âge de 69 ans.

Cotiser immédiatement et demander la déduction plus tard

Beaucoup d’investisseurs l’ignorent, mais il est possible de cotiser, dès le début de l’année, à un REER pour l’année d’imposition en cours. Fixé à 19 000 $ pour 2007, le maximum permis sera de    20 000 $ en 2008, de 21 000 $ en 2009, et de 22 000 $ en 2010. Par la suite, ce plafond sera indexé annuellement.

Toute personne prévoyant déclarer un revenu moindre en 2007 aurait avantage à cotiser le maximum permis au REER, en dépit de son taux d’imposition peu élevé (congé de maternité, congé sabbatique, retour aux études, etc.). La raison est fort simple : même si elle contribue à son REER en 2007, elle n’est pas tenue pour autant d’utiliser la déduction pour l’année d’imposition correspondante. Par exemple, elle pourrait faire fructifier ses investissements à l’abri de l’impôt immédiatement, puis utiliser la déduction quelques années plus tard, lorsque son taux marginal d’imposition sera vraisemblablement supérieur. Son retour d’impôt n’en sera alors que plus important.

Cette astuce est surtout recommandée pour une personne qui commence à investir dans un REER, mais dont les revenus limités sont susceptibles d’augmenter de façon significative dans un proche avenir. C’est notamment le cas des étudiants ou des personnes qui bénéficient d’un congé parental.

Avant de reporter une déduction REER à une année ultérieure, il est recommandé d’effectuer une simulation fiscale afin de bien évaluer toutes les répercussions de ce choix. Il ne faut pas se fier uniquement à son taux d’imposition marginal pour déterminer l’économie d’impôt inhérente à une cotisation à un REER. Il faut également tenir compte des nombreux crédits d’impôts et d’autres allégements fiscaux qui, à compter d’un certain seuil de revenu, sont restreints, voire carrément éliminés.

Utiliser pleinement ses droits de cotisation

Les personnes qui, depuis 1991, n’ont pas versé les cotisations maximales autorisées doivent savoir qu’elles peuvent ajouter à leur REER une somme correspondant à leurs droits de cotisation inutilisés. Cette somme est inscrite sur l’avis de cotisation de l’Agence du revenu du Canada.

Se constituer un « coussin »

En terminant, il faut noter qu’il est également permis de cotiser jusqu’à 2 000 $ en sus des cotisations mentionnées précédemment, sans pénalité. Bien qu’il ne soit pas déductible dans l’année, ce « coussin » produit des revenus à l’abri de l’impôt, tant et aussi longtemps que la somme investie demeure dans le REER. Quant à la cotisation, elle devra être déduite du revenu au cours d’une année à venir, au plus tard la dernière pour laquelle des droits de cotisation sont possibles.

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Nous vous invitons à prendre contact avec les membres de notre équipe pour obtenir de plus amples renseignements sur le REER ainsi que sur les autres produits et services financiers offerts.

Tout au long de l’année 2006, la société Les Fonds d’investissement FMOQ inc. a publié une chronique financière dans chaque numéro du Médecin du Québec. Nous vous invitons à prendre quelques instants pour répondre aux questions qui suivent. Toutes les réponses ont été données quelque part dans un article de notre chronique en cours d’année.

Vous trouverez les réponses à la fin de cet article.

Questions :

  1. Où trouve-t-on le montant des droits de cotisation REER inutilisés ?
  2. Nommez trois « gaffes » courantes de l’investisseur.
  3. Quels sont les critères d’un marché dit « émergent » ?
  4. Que faut-il considérer lorsqu’on songe à investir dans les marchés
    émergents qui offrent un potentiel de rendement élevé?
  5. Quelle est la limite de contenu étranger dans un régime enregistré ?
  6. Dans le cadre d’une saine diversification, quel pourrait être le rôle d’une
    obligation à rendement réel ?
  7. Actuellement, à quoi est attribuable la force du dollar canadien ?
  8. Combien valait le dollar canadien en janvier 2002 ? et en mai 2006 ?
  9. Quels sont les deux principaux avantages du régime enregistré d’épargne-études (REEE) :
  10. Quel est le nom du nouveau président de la Réserve fédérale américaine ?

À la veille du Temps des Fêtes, toute l’équipe de la Société vous offre ses meilleurs vœux de santé, de bonheur, de paix et de prospérité.

Réponses :

  1. Sur l’avis de cotisation annuel transmis par l’Agence du revenu du Canada (à la suite de la déclaration d’impôt). (février 2006).
  2. Il met tous ses œufs dans le même panier (au lieu de diversifier ses catégories d’actif conformément aux recommandations des experts).Il suit les autres et achète au sommet (trop souvent il s’accroche aux titres à la
    mode).Il écoute les « tuyaux » de son entourage et prend alors des décisions de placement à la suite à des bribes d’information ou de rumeurs (au lieu de maintenir sa stratégie de placement à long terme, conformément aux recommandations des experts) (mars 2006).
  3. Divers éléments comme le PIB (produit intérieur brut) par habitant, la capitalisation boursière, la richesse par habitant, la liquidité, le degré d’ouverture, la corruption et la qualité de la gouvernance d’un pays. (avril 2006).
  4. Il ne faut jamais perdre de vue que ces investissements se font au prix d’une forte volatilité. (mai 2006).
  5. Depuis 2005, le ministre des Finances du Canada a aboli définitivement la limite qui restreignait la proportion des avoirs pouvant être investis en titres étrangers. (juin 2006).
  6. Les obligations à rendement réel sont surtout avantageuses dans un environnement inflationniste. Ces titres protègent alors contre l’érosion du pouvoir d’achat.Étant faiblement corrélées aux obligations nominales et aux actions, les obligations à rendement réel permettent de réduire de façon considérable la volatilité d’un portefeuille sans trop sacrifier à son rendement. (juillet 2006).
  7. Elle est due surtout à des facteurs économiques comme la demande pour le pétrole par exemple (août 2006).
  8. Janvier 2002 = 0,62 $ américain ; Mai 2006 = 0,91 $ américain, un sommet atteint pour la première fois depuis 1978. (août 2006).
  9. Tous les revenus d’intérêts, de dividendes et de gain en capital produits par le régime s’accumulent à l’abri de l’impôt. Lorsqu’il y a retrait pour paiement d’études postsecondaires, l’impôt est alors calculé en fonction des revenus de l’étudiant et donc assujetti, habituellement, à un taux d’imposition moindre.Le régime permet de bénéficier d’une subvention gouvernementale attrayante. (septembre 2006).
  10. Depuis le 1er février 2006, M. Ben S. Bernanke est le nouveau président en poste. Il a succédé à Monsieur Allan Greenspan (novembre 2006).

 

Encadré

Curriculum vitae de Ben S.Bernanke

Naissance : 13 décembre 1953, à Augusta, en Géorgie
Études : 1975 : B.A. en économie (Université Harvard)

1979 : Ph.D. en économie du Massachusetts Institute of Technology (MIT)

Expérience : 1979-1985 : professeur à l’Université Stanford

1985-2002 : professeur à l’Université de Princeton

2002-2005 : membre du Board of Governors de la Réserve fédérale

Juin 2005-janvier 2006 : président du President’s Council of Economic Advisers à la Maison-Blanche

1er février 2006 : président élu de la Réserve fédérale américaine pour un mandat de 14 ans

Le 1er février 2006, la nomination de Dr Ben S. Bernanke à la présidence de la Réserve fédérale américaine (la Fed) était confirmée. Dr Bernanke succédait officiellement à M. Alan Greenspan, en poste depuis 1987.

Depuis plusieurs mois, les investisseurs spéculaient sur les principes directeurs susceptibles de guider les décisions des candidats à la présidence de la Fed, et plus particulièrement sur ceux de Dr Bernanke depuis sa nomination comme gouverneur, en octobre 2005.

Principes directeurs de Dr Bernanke

À ce titre, Dr Bernanke avait déjà révélé, dans le cadre de plusieurs travaux et à l’occasion d’allocutions, sa philosophie quant au rôle et à la direction de la politique monétaire.

Le nouveau président endosse le mandat à deux volets de la Fed, en l’occurrence la stabilité des prix et la maximisation de l’emploi. Selon lui, il est insuffisant de viser exclusivement la stabilité des prix, comme le requiert le mandat de la Banque centrale européenne, en supposant que la demande et l’emploi s’ajusteront automatiquement. Ses assises théoriques d’économiste et de professeur l’ancrent fermement dans cette vision du rôle de la Fed.

Pour Dr Bernanke, la gestion d’une cible pour l’inflation est un mécanisme dont l’objectif principal est de fixer les attentes inflationnistes des marchés.  Lorsque ces dernières sont stables, la Fed dispose de plus de flexibilité pour gérer les objectifs de la demande et de l’emploi, selon les circonstances du moment.

D’autre part, le nouveau président de la Fed rejette l’idée selon laquelle il revient à la banque centrale de prévenir et d’intervenir lorsqu’une bulle spéculative se manifeste. Il met en doute la capacité de quiconque d’identifier avec certitude le développement d’une telle bulle et de déterminer avec justesse l’intervention à prescrire. Dr Bernanke croit essentiellement que le rôle de la Fed est de viser l’économie et non les marchés financiers.

En ce qui concerne le déficit du compte courant américain, Dr Bernanke attribue le gonflement de ce dernier non pas à la consommation excessive américaine de biens et de services étrangers, mais plutôt à une demande mondiale excessive pour les actifs américains, demande générée par une épargne mondiale exorbitante en raison de la faiblesse de la consommation en Europe et au Japon, de l’intégration de l’épargne chinoise dans les marchés financiers mondiaux et de l’intervention des banques centrales asiatiques pour  empêcher l’appréciation de leurs devises depuis l’éclatement de leurs marchés, en 1997-1998.  Avec une telle préférence pour les actifs américains, le déficit du compte courant peut toujours être facilement financé; il le sera jusqu’à une reprise de la demande, en Europe et en Asie.

Un début plutôt difficile ?

L’entrée en fonction d’un nouveau président de la Fed crée naturellement une incertitude quant à la poursuite du mandat de cette institution si importante pour les fondements de l’économie et des marchés financiers.

À la suite de la nomination de M. Alan Greenspan, en 1987, les marchés avaient craint qu’il ne manifeste pas la même détermination que son prédécesseur, M. Paul Volker, pour contrôler les pressions inflationnistes de l’époque.

Reflétant cette inquiétude, les marchés avaient alors salué l’entrée en fonction de M. Greenspan par une hausse des taux d’intérêt obligataires, de 7 % à 10 %.  L’histoire retient qu’il avait alors relevé le défi des marchés par une hausse tout aussi incisive des taux d’intérêt directeurs de la Fed. Cette décision conduisit à une retombée des taux d’intérêt à long terme… par le biais du fameux crack boursier.

Cette fois-ci, les taux d’intérêt à long terme demeurent toujours relativement stables, à suite de l’intronisation de Dr Bernanke, mais c’est le prix de l’or qui a bondi depuis sa nomination, en octobre 2005, comme l’illustre le graphique ci-contre.

Avec une hausse de 466 USD* l’once, en octobre 2005, à 652 USD l’once, lors de la rédaction de cet article, une question se pose : les marchés doutent-ils de la capacité de DrBernanke de contrôler efficacement les pressions inflationnistes et de préserver la valeur du dollar américain ?

Pareille hypothèse serait inquiétante, mais elle n’est pas supportée par la réaction des autres marchés financiers qui devraient être tout aussi sensibles à une telle éventualité. Il semble plutôt que la montée du prix de l’or soit davantage liée à la forte demande pour le métal précieux en Inde, au Moyen-Orient et en Chine, de même qu’aux tensions géopolitiques actuelles. Il faut néanmoins reconnaître la coïncidence de ces événements.

La montée du prix de l’or lance-t-elle donc un défi au nouveau président de la Réserve fédérale américaine? Dr Bernanke tentera-t-il de contrer la montée du prix de l’or, comme M. Greenspan avait contré l’envolée des taux d’intérêt obligataires, ou ignorera-t-il ce mouvement de marché, puisqu’il ne reflète pas une inquiétude sur le contrôle de l’inflation ?

Les questions sont posées. Les réponses ne tarderont pas.

*  Code du dollar américain selon la norme ISO 4217 relative aux codes des monnaies du monde

Un bref historique du prix de l’or

Période de l’étalon-or

Le système de l’étalon-or (gold standard) de gestion monétaire permet d’utiliser une monnaie papier en toute confiance, car la banque centrale du pays conserve des réserves d’or suffisantes pour échanger le nombre de billets en circulation contre leur valeur équivalente en or.

Ce système a été conçu au XIXe siècle pour créer un mécanisme d’ajustement automatique aux surplus et aux déficits commerciaux entre les pays. Le principe veut qu’un pays qui exporte plus qu’il n’importe (et qui dégage ainsi un surplus commercial avec un autre pays) accumule un surplus de devises étrangères. Cet excédent de monnaie étrangère peut être conservé pour consommation future ou échangé auprès de la banque centrale du pays étranger contre de l’or. Cette transaction augmente les réserves d’or du pays en situation de surplus commercial, ce qui fait monter la valeur de sa monnaie et des prix domestiques et rend ses produits moins concurrentiels a l’échelle mondiale. Ses exportations diminuent alors et sa consommation de biens étrangers s’accélère, ce qui a pour conséquence de rétablir l’équilibre commercial.

Les banques centrales pouvaient aussi exercer leur pouvoir sur la balance commerciale en haussant les taux d’intérêt, par exemple, pour contrer un déficit commercial. Cette mesure freinait les importations, attirait les capitaux étrangers et, par conséquent, éliminait le besoin d’expédier de l’or aux partenaires commerciaux.

L’Angleterre a été le premier pays à adopter le système de l’étalon-or, au début du XIXe siècle afin d’ancrer la valeur de sa devise et de régulariser la balance commerciale de son économie.

Au cours de la deuxième moitié du XIXe siècle, d’autres pays européens ont fait de même. En 1879, les États-Unis ont adopté à leur tour le principe de l’étalon-or, en permettant l’échange de billets verts pour leur équivalent en or.

Ainsi, durant la période de 1880 à 1914, la parité du dollar américain a été fixée à 20,67 $ US1 l’once, celle de la livre sterling à 4,24 GBP1 l’once, pour établir un taux de change de 4,87 USD/GBP.

Ce système s’est avéré efficace jusqu’au déclenchement de la Première Guerre mondiale qui a incité plusieurs pays européens à suspendre la convertibilité de leur devise en or afin d’éviter d’en expédier aux pays ennemis. Les taux de change se sont alors mis à fluctuer de manière importante, au gré de politiques monétaires et fiscales fort expansionnistes. Le dollar américain, en maintenant sa parité avec l’or, s’est grandement apprécié en regard des devises européennes qui flottaient en temps de guerre.

1. Code du dollar américain selon la norme ISO 4217 relative aux codes des monnaies du monde

Après la guerre, les pays européens, inquiets de l’attrait grandissant du dollar (convertible en or) et des actifs américains, ont manifesté leur intention de retourner au système de l’étalon-or.

Après une tentative qui s’est avérée infructueuse, ce dernier a été abandonné par une grande partie de l’Europe, au début des années 30.

En 1934, le Congrès américain décidait d’augmenter le prix officiel de l’or de 20,67 USD l’once à 35 USD l’once, dévaluant ainsi la devise de plus de 65 % afin de rétablir la compétitivité de l’économie américaine.

En 1971, les États-Unis abandonnaient le système de l’étalon-or, mettant fin du même coup au rôle officiel de l’or dans le système monétaire international.

Période des devises flottantes

À la suite d’une politique monétaire des plus expansionnistes, alliée à une montée de l’inquiétude géopolitique causée par l’invasion de l’Afghanistan par l’Union soviétique ainsi que par la révolution islamique en Iran, l’or a recouvré son rôle de valeur refuge et son prix a bondi jusqu’au niveau record de
850 USD l’once, en 1980.

Paul Volker, en 1979, et Alan Greenspan, en 1987, sont entrés en scène, à titre de présidents de la Réserve fédérale américaine, avec le mandat de freiner les pressions inflationnistes et de rétablir les attentes à des degrés plus sains pour la durabilité des cycles économiques.

Durant la majeure partie de la présidence d’Alan Greenspan, de 1987 à 2006, le prix de l’or s’est maintenu dans une fourchette relativement stable et étroite, soit entre 350 USD et 400 USD l’once.

D’ailleurs, au cours d’une conférence de presse tenue en 1987, M. Greenspan laissait sous-entendre qu’afin de fonctionner efficacement, l’économie américaine exigeait une légère inflation de 2 % et, par conséquent, une dépréciation annuelle continue de 2%de l’or.

Entre 1997 et 2000, un dérapage de la politique monétaire a provoqué un sentiment d’« exubérance irrationnelle » sur les marchés financiers, en raison du miracle de la productivité américaine, du bogue de l’an 2000 et de la bulle technologique. La forte demande en dollars américains qui en résulta a favorisé une appréciation marquée du taux de change en regard de la plupart des devises, y compris la norme
de valeur que représente l’or. Autrement dit, le prix de l’or a baissé rapidement jusqu’à 256 USD l’once. Cette forte appréciation du dollar a entraîné, dans le tourbillon de la déflation financière, les grands emprunteurs de dollars américains comme les pays asiatiques, la Russie, le Brésil et le fonds spéculatif Long Term Capital Management (LTCM). Ceux-ci ont vécu successivement des crises fort nuisibles, voire ruineuses.

Inévitablement, ce dollar trop fort a occasionné un ralentissement marqué de l’économie américaine. De plus, avec l’éclatement de la bulle technologique, les attentats terroristes et la guerre en Irak, l’économie menaçait de prendre beaucoup de temps avant de recouvrer une vigueur certaine, d’où l’émergence de craintes de déflation, c’est-à-dire un mouvement baissier généralisé des prix à la consommation.

Face à cette menace, la Fed (la Réserve fédérale américaine) se devait d’agir vigoureusement. On se souvient qu’entre 2000 et 2001, les taux d’intérêt américains à court terme ont baissé de 6 % à moins de 1 %. Dans le contexte d’un taux d’inflation avoisinant 1,5 %, un taux de 1 % était particulièrement bas, car il représentait un taux d’intérêt réel négatif. En d’autres termes, la Fed offrait gratuitement l’argent à ceux qui voulaient bien en emprunter.

Effectivement, dans de telles conditions, la quantité de monnaie en circulation a bondi, affaiblissant du même coup la valeur du dollar américain, et poussant, à la fin de 2003, le prix de l’or vers son plafond de l’ère Greenspan, soit 400 USD l’once, où il s’est essentiellement maintenu jusqu’à la fin de 2005. Sous l’effet de cette politique monétaire des plus expansionnistes, l’économie a rebondi et connu une vigoureuse croissance.

C’est pour cette raison que, depuis 2004, la Fed s’affaire à rétablir progressivement le niveau des taux d’intérêt américains. Jusqu’à ce jour, elle les a déjà haussés de 1%à 5,25 %. Avec des taux d’intérêt plus élevés, le capital étranger a manifesté de nouveau son attrait pour les actifs américains, tandis que le dollar s’est progressivement apprécié durant cette période de normalisation monétaire

Un défi pour le nouveau président de la Fed ?

Mais depuis la nomination de M. Ben Bernanke, à la présidence de la Fed, en octobre 2005, le prix de l’or a bondi de 470 USD l’once à plus de 660 USD l’once.

Il appartient au nouveau président de la Fed d’interpréter ce message de bienvenue des marchés. S’agit-il d’un manque de confiance envers la capacité de la nouvelle direction de la Fed de réduire les pressions inflationnistes ? Ou bien s’agit-il d’un phénomène propre à l’or qui ne saurait perdurer ?

La montée du prix de l’or fait craindre que les marchés n’anticipent un dérapage de la maîtrise de l’inflation par la Fed. Cependant, aucune autre variable susceptible d’être sensible au même développement ne semble en être affectée. Par exemple, bien que le dollar américain se déprécie vis-à-vis de l’or, il est relativement stable face à l’ensemble des monnaies étrangères. Aussi, le rendement des obligations à rendement réel continue-t-il d’évoluer très faiblement, ce qui constitue une possible indication que les attentes inflationnistes sont bien ancrées aux niveaux actuels.

Cependant, l’absence de validation des craintes de dérapage monétaire pourrait aussi s’expliquer par un
phénomène d’excès d’épargne à l’échelle mondiale, caractéristique des marchés d’aujourd’hui : le bas niveau des taux d’intérêt réels et la vigueur du dollar pourraient n’être que le reflet de cet excès de capital à investir et qui ferait donc mijoter, lentement mais sûrement, des pressions inflationnistes à venir. Dans ce scénario, la Fed devrait poursuivre résolument ses hausses de taux intérêt afin de mater ces pressions.

La montée rapide du prix de l’or pourrait aussi être le fruit d’un phénomène plutôt transitoire inhérent à :

  • l’accroissement de la demande commerciale et personnelle d’or en provenance de l’Inde, du Moyen-Orient, de la Chine et du reste de l’Asie ;
  • l’augmentation de l’incertitude géopolitique (guerre en Irak, prise de position en Iran, etc.) ;
  • l’intégration rapide de la Chine dans l’économie mondiale, en l’occurrence des facteurs qui attirent les investisseurs vers le métal précieux comme valeur refuge. Dans ce cas, la Fed devrait ignorer le prix de l’or qui devrait éventuellement retomber.

Les marchés financiers ont donc lancé un défi au nouveau président de la Réserve fédérale américaine.

Le relèvera-t-il ? S’agit-il plutôt d’une distraction ? C’est à suivre…

À juste titre, les frais de scolarité et, surtout, les frais afférents aux études collégiales ou universitaires préoccupent bon nombre d’étudiants et leurs parents. En effet, en dépit du gel des premiers qui totalisent approximativement 3 000 $ par année, les seconds, eux, peuvent facilement atteindre 10 000 $ par année.

Avec un taux d’inflation annuel qui se situe à 3 % pour le logement et autres frais de subsistance, et à 5 % pour les frais de scolarité, c’est une somme d’environ 22 000 $ qu’il faudra débourser, dans une quinzaine d’années, pour financer une année complète d’études universitaires.

Indéniablement, pour beaucoup de personnes, les études postsecondaires représentent un véritable défi financier pour lequel il n’existe pas de panacée, si ce n’est de mettre de l’argent de côté, le plus tôt possible, afin d’amasser un pécule intéressant qui s’apprécie au fil des ans.

Le régime enregistré d’épargne-études (REEE)

Or, si épargner de l’argent en vue des études d’un enfant est une chose, le faire fructifier pour qu’il s’apprécie de façon significative en est une autre. C’est pourquoi le régime enregistré d’épargne-études (REEE) est un mode d’épargne à envisager sérieusement, et ce, d’autant plus qu’il comporte deux principaux avantages.

Premier avantage

Tous les revenus d’intérêts, de dividendes et de gain en capital produits par le régime s’accumulent, année après année, à l’abri de l’impôt. Lorsque ces sommes sont retirées afin de payer les études postsecondaires, l’impôt est alors calculé en fonction des revenus de l’étudiant et donc assujetti, dans la plupart des cas, à un taux d’imposition moindre.

Deuxième avantage

Depuis 1998, le programme Subvention canadienne pour l’épargne-études (SCEE)encourage fortement l’épargne. En effet, la subvention versée correspond à 20 % de la première tranche de 2 000 $ de cotisation annuelle pour chaque enfant de moins de 18 ans (sous réserve de certaines restrictions pour les enfants de 16 et 17 ans). Il est aussi possible d’investir un autre 2 000 $ annuellement, mais cet investissement sera subventionné seulement si l’enfant n’a pas reçu toutes les subventions auxquelles il a droit depuis sa naissance (ou depuis 1998, selon l’année la plus récente).

De plus, depuis le 1er janvier 2005, le taux de la SCEE pour la première tranche de 500 $ des cotisations versées au REEE dont le bénéficiaire est un enfant de moins de 18 ans, a augmenté pour s’établir à :

  • 40 % si le revenu net admissible de la famille de l’enfant pour l’année ne dépasse pas 36 378 $;
  • 30 % si le revenu net admissible de la famille de l’enfant s’élève à plus de 36 378 $, sans dépasser 72 756 $.

Le revenu net admissible de la famille de l’enfant pour une année sera habituellement le même que celui qui est utilisé pour déterminer la Prestation canadienne fiscale pour enfants.
Toutes les autres cotisations admissibles au REEE donnant droit à la SCEE demeurent au taux de 20 %.

Conditions

La cotisation annuelle maximum permise est de 4 000 $, tandis que le plafond cumulatif  est fixé à 42 000 $.

En investissant 2 000 $ annuellement pendant 18 ans, il est possible d’obtenir un montant maximal de subvention s’élevant à 7 200 $.

Une contribution à un REEE est permise jusqu’à la 21e année suivant l’établissement du régime qui, lui, peut être conservé pendant 25 ans.

À qui appartient le capital investi ?

Le capital investi dans un REEE appartient au souscripteur, c’est-à-dire la personne qui contribue au REEE. À la fin du régime, le souscripteur peut reprendre son capital.

Attention! Dans le cas des retraits de capital qui ne serviraient pas au paiement d’aide aux études, on peut devoir rembourser la subvention canadienne reçue. Afin d’éviter les mauvaises surprises, il est très important de vérifier les conséquences qu’entraînerait ce type de remboursement.

Et si l’enfant ne poursuit pas d’études postsecondaires ?

Différents scénarios peuvent alors être envisagés par le souscripteur :

  1. Désigner un autre bénéficiaire, si le régime auquel on a adhéré le permet.
  1. Retirer le capital investi – À condition que le REEE soit ouvert depuis au moins 10 ans et que le bénéficiaire soit âgé d’au moins 21 ans : – sous réserve de la disponibilité de droits de cotisation REER suffisants, transférer jusqu’à 50 000 $ des revenus accumulés du REEE à un REER. Dans ce cas, les revenus accumulés ne seront pas imposés, mais il faudra rembourser les subventions reçues ; ou
  • Retirer le capital investi – À condition que le REEE soit ouvert depuis au moins 10 ans et que le bénéficiaire soit âgé d’au moins 21 ans ; – encaisser les revenus. Le souscripteur devra alors payer de l’impôt sur les revenus du REEE et subir une pénalité de    20 %. Les subventions reçues devront être remboursées.
  • Si le régime n’est pas ouvert depuis au moins 10 ans et/ou que le bénéficiaire n’est pas âgé d’au moins 21 ans : reprendre le capital et faire don des revenus du REEE à un établissement d’enseignement postsecondaire de son choix. Encore là, il faudra rembourser les subventions reçues.

Le REEE s’avère donc un mode d’épargne doublement intéressant, car il permet de profiter d’un abri fiscal et de généreuses subventions gouvernementales.

Les conseillers de la société Les Fonds d’investissement FMOQ inc. sont à votre disposition pour vous fournir de plus amples renseignements sur le REEE ainsi que sur toute autre question d’ordre financier.

Le dollar canadien s’est apprécié de plus de 30% par rapport à la devise américaine depuis son point le plus bas atteint il y a déjà quatre ans. Cette hausse fulgurante a ébranlé les investisseurs et les exportateurs canadiens qui œuvrent sur les marchés étrangers. S’agit-il d’une bulle spéculative ? La devise canadienne pourrait-elle s’apprécier jusqu’à atteindre la parité avec le dollar américain ? La Banque du Canada interviendra-t’elle pour freiner cette progression rapide du taux de change ?

En janvier 2002, le dollar canadien touchait son point le plus bas depuis plus de trente ans, ne valant plus que 0,62 $ américain. En un peu plus de quatre ans, le taux de change a progressé sans perdre haleine pour atteindre 0,91 dollar américain en mai 2006, un taux qui avait été atteint pour la dernière fois en 1978.

Cette augmentation de plus de 30% a fait mal aux investisseurs canadiens qui avaient acheté des actions américaines pour se prévaloir en 2000 de la hausse de la limite du contenu étranger pour les comptes d’épargne enregistrés. Malgré un rendement cumulatif difficile de 10% entre janvier 2002 et mai 2006 pour la Bourse américaine lorsque l’on exclut l’impact de la devise, l’appréciation du dollar canadien par rapport à la devise américaine a torpillé ce rendement pour faire perdre aux investisseurs canadiens plus de 23% sur cette même période.

Même les exportateurs canadiens ont aussi vu leur marge bénéficiaire fondre, soit parce que leurs contrats sont libellés en dollars américains, et que l’appréciation du dollar canadien a réduit leurs revenus, soit parce que les prix de vente en dollars canadiens deviennent trop élevés par rapport à ceux d’exportateurs d’autres pays dont la devise ne s’apprécie pas autant par rapport au dollar américain.

La valeur fondamentale du dollar canadien

La hausse de la valeur du dollar canadien fait craindre à plusieurs une bulle spéculative en raison de sa progression fulgurante qui menace de troubler les investisseurs et l’économie canadienne.

Mais avant de dénoncer l’exagération du mouvement haussier du dollar canadien, nous vous présentons le graphique suivant qui amène une perspective enrichissante.

La ligne rouge illustre l’évolution du taux de change actuel du dollar canadien par rapport à la devise américaine de 1980 jusqu’à mai 2006. La ligne bleue représente la valeur fondamentale du dollar canadien, telle q’elle est mesurée par la parité du pouvoir d’achat (PPA).

Selon les économistes de l’OCDE, quand une monnaie entre deux pays se transige au niveau de son PPA, les biens exportables de ces deux partenaires commerciaux ont la même valeur une fois convertis dans la même devise. Plus la devise d’un pays s’apprécie par rapport à sa valeur fondamentale, plus les biens et services de ce pays deviennent chers par rapport aux mêmes types de biens et de services d’un autre pays, ce qui nuit alors aux exportations et ralentit la croissance de l’économie. Par conséquent, la demande pour la devise de ce pays s’atténue et la devise revient à sa valeur fondamentale.

Ce principe de parité du pouvoir d’achat établit en quelque sorte la valeur centrale autour de laquelle un système de taux de change flottant devient une soupape d’ajustement pour l’économie1.


1 Le débat sur la préférence d’un taux de change fixe ou flottant s’établit dans ce contexte.  En 2001, plusieurs observateurs craignaient une chute perpétuelle du pouvoir d’achat des canadiens pour les biens et services américains alors que la valeur du dollar canadien glissait de 0,67 à 0,62 $ américain.  La solution pour certains se trouvait dans la fixité du taux de change.  Établir un taux de change fixe à 0,65  $ américain, soit sous sa valeur fondamentale d’environ 0,80 $ américain selon le PPA, équivaudrait à créer des termes de change qui sous-évalueraient de manière fondamentale nos biens et services.  Ainsi, les exportations canadiennes prendraient une expansion des plus rapides, ce qui attirerait énormément de capitaux étrangers car les entreprises qui voudraient s’établir au Canada pour exporter ailleurs.  Mais comme cette grande demande pour le  de dollar canadien ne peut être établie par un ajustement à la hausse sur le taux de change qui doit demeurer fixe, l’ajustement prendrait alors la forme d’une accélération des prix généralisés au Canada (inflation), ce qui effacerait éventuellement la sous-évaluation du dollar canadien.  Que l’ajustement des prix se fasse par le taux de change ou par l’inflation, il doit se faire.  L débat est de savoir quel est le meilleur mécanisme d’ajustement pour l’ensemble des bénéficiaires de l’économie.

Tout écart entre le taux de change et le niveau du PPA peut originer de phénomènes économiques, de liquidité ou de sentiment de marché qui agissent de manière temporaire sur la devise, mais qui s’atténuent éventuellement. Ainsi, on entend souvent dire que la parité du pouvoir d’achat est un très mauvais guide pour prévoir les mouvements des taux de change à court terme. Cependant, l’évolution historique du dollar canadien et des autres devises montre la robustesse à long terme du processus de retour gravitationnel autour de cette valeur fondamentale, alors que les forces à court terme vont et viennent.

La période de faiblesse du dollar canadien

D’abord, la période de faiblesse du dollar canadien de 1992 à 2001. À la suite de la récession de 1990, l’économie canadienne avait eu du mal à se rétablir malgré la reprise aux États-Unis en 1993. Ainsi, afin de stimuler davantage la demande domestique, la Banque du Canada choisissait d’abaisser les taux d’intérêt canadiens à plus de 2% sous les taux américains en 1993. Pour un investisseur, il paraissait alors plus avantageux de détenir des bons du trésor américains qui offraient un rendement supérieur de 2% dans une devise perçue « forte ». C’est ainsi que plusieurs investisseurs se sont mis à vendre leurs bons du trésor canadien et des dollars canadiens pour acheter des dollars et des bons du trésor américains, ce qui a occasionné une pression à la baisse sur la devise canadienne qui est tombée à près de 0,70 $ américain en 1995 pour la première fois depuis 1985.

Par la suite, une accumulation d’autres facteurs ont eu une incidence importante sur le dollar canadien. D’abord, la détérioration importante de la balance commerciale diminue grandement la demande pour le dollar canadien.

Ensuite, la levée de la limite du contenu étranger pour les comptes enregistrés cause une réallocation de portefeuilles importante entre 2000 et 2001 alors que les investisseurs fuient une devise canadienne dégringolante et des titres sous-performants pour mieux diversifier leurs avoirs dans les titres américains et d’autres pays qui paraissent alors plus prometteurs. Ce mouvement de capital énorme devint le facteur le plus important de la dévaluation de la devise qui atteindra 0,63 $ américain en 2001, soit 20% de moins que sa valeur fondamentale.

Ayant déjà atteint un niveau d’extrême sous-évaluation, les autres facteurs qui se sont ensuite présentés ont cessé de causer des baisses continues pour la devise. Ainsi, la dernière récession américaine et l’éclatement de la bulle spéculative en technologie ont causé une hausse marquée des primes de risque imposées aux marchés de plus petite taille ou aux marchés plus volatils, comme le marché canadien. Cependant, alors que la Bourse canadienne chutait, la devise canadienne était essentiellement stable et déjà très sous-évalué. L’attentat terroriste en 2001 aux États-Unis et la montée de l’insécurité géopolitique ont majoré davantage la prime de risque des titres volatils partout dans le mondel, mais ont laissé le dollar canadien essentiellement inchangé à son niveau plancher.

Les deux phases de la remontée du dollar canadien

Et c’est donc dans ce contexte qu’il faut considérer l’appréciation du dollar canadien de plus de 30% de 2002 à 2006, qui s’établie en deux phases : la fin de la dévaluation du dollar canadien entre 2002 et 2004, et la vigueur de la devise canadienne depuis 2004.

D’abord, la Réserve fédérale américaine est déterminée à relancer son économie et baisse les taux d’intérêt à court terme de façon rigoureuse en 2001 pour les positionner sous les taux canadiens. Cette situation incite les investisseurs à se défaire des titres à court terme américains pour se prévaloir des taux d’intérêt supérieurs au Canada, tout en profitant d’un taux de change des plus alléchants.

Ensuite, l’effet de la réallocation de portefeuille suivant la levée de la contrainte du contenu étranger s’estompe. Donc, tout à coup, il se vend beaucoup moins de dollars canadiens. Aussi, avec la reprise économique américaine et mondiale, les investisseurs reprennent confiance, et les primes de risque pour l’incertitude économique et géopolitique s’estompent, ce qui fait bondir les titres les plus volatils, dont le dollar canadien.

Et rapidement, la sous-évaluation du dollar canadien s’efface, l’économie américaine, canadienne et mondiale ne cessent de surprendre par leur vigueur, et la demande en pétrole et en d’autres denrées qui en résulte font bondir leurs cours. Le Canada est un net bénéficiaire de cet environnement, car 20% des exportations canadiennes sont constituées de biens énergétiques, tels que le pétrole, dont les prix sont en forte hausse, et une proportion similaire en d’autres denrées dont les prix sont aussi élevés.

Une telle demande pour les biens canadiens résulte en une demande extraordinaire pour le dollar canadien. Ainsi, le dollar canadien commence à établir une surévaluation par rapport à sa valeur fondamentale. À 0,91 $ américain, on ne peut cependant parler que d’une légère surévaluation de 13%, tout en respectant l’imprécision de l’exercice du calcul du PPA.

Cependant, les chiffres de la balance commerciale canadienne montrent déjà des signes de stress pour les exportateurs canadiens. Si l’on neutralise l’effet des prix pour lesquels le Canada transige les biens et les services avec ses partenaires commerciaux, c’est-à-dire que l’on mesure la croissance du volume des exportations et des importations plutôt que leur valeur, le surplus de la balance commerciale canadienne fond présentement rapidement. Le taux de change élevé rend les produits canadiens moins abordables et en réduit la demande internationale (industries du meuble, du cinéma, du tourisme). Par ailleurs, l’augmentation du pouvoir d’achat des Canadiens à l’échelle mondiale qui en résulte accroît rapidement leur demande pour les biens importés (industries des pièces automobiles, d’équipement). Si l’on rajoute maintenant l’effet de prix à l’effet de volume, la progression du prix du pétrole et des autres denrées explique essentiellement à elle seule le maintien du fort surplus commercial canadien.

Et qui dit surplus commercial dit accroissement pour le dollar canadien et, par conséquent, une pression à la hausse sur notre devise au-delà de sa valeur fondamentale, pur le temps que ces conditions se maintiennent.

Le dollar canadien pourrait-il atteindre la parité avec le dollar américain? La demande excessive pour le dollar canadien persistera et notre devise continuera sa hausse si les conditions se maintiennent, soit une forte croissance économique canadienne et mondiale, le prix élevé du pétrole et des autres denrées, et que la Réserve fédérale américaine cesse d’augmenter ses taux d’intérêt à court terme. La parité avec la devise américaine, qui représente une surévaluation de 25 % serait alors atteignable, bien qu’un peu limite.

Intervention peu probable de la Banque du Canada

Pourquoi la Banque du Canada n’intervient-elle pas pour contrer la force du dollar canadien? Bien des investisseurs et exportateurs canadiens souhaiteraient une telle intervention, mais la surévaluation du dollar canadien est encore modeste2.


2 En fait, l’essentiel des préoccupations n’est pas tant la force du dollar canadien que la rapidité avec laquelle la devise s’est raffermie.

Selon la Banque du Canada, l’intervention devient nécessaire lors d’une appréciation trop rapide attribuable à des facteurs non économiques, comme une forte préférence des investisseurs internationaux pour les titres financiers canadiens. La hausse résultante du dollar canadien pourrait nuire aux exportations canadiennes, et donc ralentir la croissance économique. La Banque du Canada pourrait alors intervenir en réduisant les taux d’intérêt à court terme afin de diminuer l’attrait pour les titres à revenu fixe canadiens, de réduire la demande pour les dollars canadiens et de contrer le ralentissement de la croissance des exportations.

Si, par contre, les causes de la force du dollar canadien sont de nature économique, comme une forte progression de la demande mondiale pour le pétrole et les actifs productifs pétroliers, la hausse du dollar canadien agit à titre d’agent modérateur. La Banque du Canada serait alors peu susceptible d’intervenir pour contrer l’appréciation de la devise canadienne. Selon la balance des forces en présence, elle pourrait même être amenée à hausser les taux d’intérêt pour ralentir un excès d’enthousiasme pour le développement pétrolier au Canada et tout ce qui s’y rattache. La devise serait alors doublement appuyée, au grand damne des exportateurs autres que des produits énergétiques et des investisseurs canadiens sur le marché américain.

Actuellement au Canada, la force du dollar est plus due à des facteurs économiques (ex. demande pour le pétrole) qu’à des facteurs non économiques. Cette perspective établit donc que le dollar canadien déborde un peu de sa zone de valeur fondamentale pour devenir légèrement surévalué. Si les forces en présence se maintiennent, notre devise pourrait facilement s’apprécier davantage.

Cependant, les hypothèses nécessaires pour arriver à ce résultat reposent sur la continuité de dynamiques économiques temporaires et instables : prix du pétrole gonflé par des primes de risques géopolitiques, politiques monétaires américaine et mondiales très expansionnistes jusqu’à tout récemment et qui pourraient devenir plus restrictives. Le ralentissement de l’économie américaine qui en suivrait réduirait alors la demande de pétrole, de denrées et de tous autres biens et services exportés par le Canada aux États-unis. Ainsi, avec une modération économique mondiale, le dollar canadien serait sur le chemin du retour vers sa valeur fondamentale, autour des 0,80 $ américain.

Les répercussions négatives de l’inflation vous préoccupent-elles ? Si oui, une solution toute simple est à votre portée.

En effet, les obligations à rendement réel comportent les mêmes avantages que les obligations gouvernementales traditionnelles, mais leur rendement est ajusté afin de tenir compte de l’inflation, de sorte que leurs détenteurs n’ont plus à s’inquiéter de l’effet de la hausse des prix sur leurs revenus de retraite.

Outil de placement moderne, les obligations à rendement réel ont été introduites au Canada en 1991. Le gouvernement fédéral s’est alors inspiré d’une pratique courante dans d’autres pays industrialisés. Par la suite, le Québec et l’Ontario ont emboîté le pas. Plus récemment, quelques sociétés ont décidé d’emprunter cette voie.

En pratique, les paiements d’intérêt et le remboursement du capital à l’échéance sont rajustés afin de dédommager l’investisseur face à l’inflation depuis l’émission du titre.

Prenons l’exemple d’une obligation à rendement réel munie d’un coupon de 3,5 %. Le rendement de cette valeur mobilière ne sera pas limité à ce taux, car il tiendra compte du taux d’inflation annuel. En supposant une hausse des prix à la consommation de 2,5 %, le rendement de l’obligation sera ajusté et s’établira à 6 % (3,5 % + 2,5 %).

En conséquence, la personne qui achète ces obligations maintenant, et qui les conservera jusqu’à leur échéance (par exemple, 30 ans), recevra un coupon de 3,5 % qui tiendra compte de toutes les variations (hausses et baisses) de l’indice des prix à la consommation.

Avant l’échéance, l’inflation aura cependant un impact sur les intérêts versés et sur le capital investi. En d’autres mots, le détenteur ne recevra pas un versement d’intérêt annuel de 60 $ pour chaque tranche de 1 000 $, comme ce serait le cas si le coupon était pleinement ajusté.

La valeur nominale de l’obligation sera d’abord augmentée de 1 000 $ à 1 025 $, afin de refléter le taux d’inflation de 2,5 %. Puis, la valeur du coupon s’accroîtra de façon à garantir un rendement réel de 3,5 %; il s’établira à 35,875 $ (35 $ x 1,025). Combinés, ces ajustements porteront le rendement de l’obligation à environ 6 %.

Les obligations à rendement réel sont un excellent placement dans le cadre d’un régime enregistré d’épargne-retraite (REÉR, CRI, FRV et FERR), car les revenus d’intérêt sont à l’abri de l’impôt. À l’extérieur de ces programmes, la dimension fiscale est une préoccupation légitime, car le détenteur devra payer de l’impôt sur des revenus associés à l’inflation, et ce, même si une partie de ses gains ne lui seront versés qu’à l’échéance.

Une diversification saine

Toute personne soucieuse de se protéger contre l’érosion de son pouvoir d’achat en raison de l’inflation, devrait préférablement investir une partie de son portefeuille dans les obligations à rendement réel.

En effet, si les taux d’intérêt augmentent à la suite de fortes pressions inflationnistes, il sera possible d’obtenir un rendement réel plus élevé, mais pas nécessairement de la même ampleur. Autrement dit, dans un environnement inflationniste, les obligations à rendement réel surclassent normalement les obligations traditionnelles échéant à la même date.

La présence de ces obligations dans un portefeuille risque fort d’améliorer son ratio risque/rendement. En effet, selon une étude réalisée par la société d’investissement américaine Bridgewater Associates, les obligations à rendement réel sont très faiblement corrélées aux obligations nominales et aux actions à long terme, ce qui en fait une excellente source de diversification.

Si la préservation du capital vous préoccupe, vous devriez sans aucun doute faire une place importante à ces obligations dans votre portefeuille. Comme elles ont l’avantage d’être moins fluctuantes que les obligations traditionnelles, vous réduirez significativement sa volatilité sans trop sacrifier à son rendement.

Accessibles à toutes les bourses, ces obligations offrent un rendement concurrentiel et des versements semi-annuels. Émises avec une échéance de 10 ou de 30 ans, elles ne présentent aucun risque jusqu’à maturité et jouissent d’une bonne qualité de crédit.

Si vous désirez acheter ce type d’obligations, un vaste choix de produits s’offre à vous. Vous pouvez investir directement dans le marché obligataire ou opter pour un produit géré spécialisé. Il existe en effet une dizaine de fonds communs de placement spécialisés en obligations à rendement réel, au Canada.

Parlez-en donc à votre conseiller !

Un peu d’histoire

Dans les régimes enregistrés, le contenu étranger a été longtemps assujetti à une limite qui a varié au fil des ans. D’abord fixé à 10 %, ce plafond a été graduellement augmenté de   2 % par année à compter de 1991. Cette hausse a réjoui les investisseurs institutionnels (dont d’importantes caisses de retraite) qui se plaignaient à plus d’un titre de cette contrainte. D’abord parce qu’elle les forçait à investir 80 % de leur portefeuille au Canada, ensuite parce qu’elle les empêchait de profiter pleinement des rendements plus attrayants des bourses étrangères (en particulier celle des États-Unis), alors que notre huard ne volait pas bien haut.

Le plafond a été maintenu à 20 % jusqu’en 2000, année où il a été haussé à 25 %, avant d’être porté à 30 % en 2001. Les investisseurs canadiens ont applaudi cette mesure et réagi assez rapidement en augmentant leurs positions en actions étrangères. Toutefois, le moment s’est avéré plutôt mal choisi, car cette période a coïncidé avec un creux historique pour le dollar canadien qui valait alors 0,64 $US. De plus, la Bourse canadienne s’apprêtait à connaître une de ses meilleures surperformances par rapport aux autres actions étrangères propulsées par un prix du pétrole et des matières premières à la hausse.

En 2005, à l’occasion de son budget, le ministre des Finances du Canada a annoncé l’abolition définitive de la limite de 30 % qui restreignait la proportion des avoirs pouvant être investis en titres étrangers. Cette décision a surpris la plupart des investisseurs qui n’ont cependant pas modifié de façon importante les répartitions géographiques de leurs placements. Cela n’est pas surprenant étant donné que seulement 18 % des fonds de pension détenaient effectivement 30 % de titres étrangers, selon une étude de la firme AON. C’est d’autant moins étonnant que les investisseurs ont obtenu d’excellents rendements récemment avec leurs actions canadiennes, alors que leurs positions américaines ont subi les contrecoups de la hausse importante (35 %) du huard au cours des trois dernières années.

L’avenir

Maintenant que les possibilités de placement dont jouissent les investisseurs sont élargies, ils doivent se poser la question suivante : puisqu’il n’y a plus de contrainte quant au contenu étranger, quel pourcentage des investissements devrait être investi à l’extérieur du Canada?

Sans connaître précisément la réponse, on peut affirmer que, conformément aux principes de diversification caractérisant une gestion de portefeuille saine, il serait avisé d’investir au moins la moitié des actions à l’extérieur du Canada. En effet, le marché boursier canadien ne représente que 3 % de la capitalisation boursière mondiale et il est très concentré dans trois secteurs économiques : les services financiers (30 %), l’énergie (30 %) et les matières premières (15 %). Ces deux derniers secteurs sont d’ailleurs très cycliques. D’importants secteurs non cycliques tels que les soins de santé (1 %) et les produits de consommation (3 %) sont quasiment inexistants dans l’univers boursier canadien.

Il faut aussi prendre un peu de recul et réaliser qu’en dépit de la bonne tenue de la bourse canadienne depuis 5 ans, ce sont encore les actions mondiales qui ont offert le meilleur rendement à long terme, comme l’indique le tableau ci-dessous.

Rendements au 31 mars 2006

Indice Rendement annuel composé
5 ans
Rendement annuel composé
25 ans
S&P/TSX (Canada) 11,7 % 9,8 %
MSCI monde ($CAN) 0,6 % 11,5 %

Ce rendement plus élevé des actions mondiales a même été obtenu avec un niveau de risque (une volatilité) moindre. Tout modèle de répartition d’actifs basé sur ces statistiques à long terme militerait donc en faveur d’un portefeuille contenant un fort pourcentage d’actions mondiales.

La réalité n’est toutefois pas aussi simple. Les gens préfèrent investir dans ce qu’ils connaissent le mieux et, conséquemment, dans ce qui est plus près d’eux. Ce phénomène est déjà observé dans la plupart des pays qui n’imposent pas de limite de contenu étranger (États-Unis, Royaume-Uni, Australie, etc.)

Il n’est donc pas possible de prévoir quel pourcentage des régimes de retraite (REÉR, fonds de pension, etc.) sera investi à l’étranger d’ici quelques années.

Si votre réticence à investir davantage à l’étranger est fondée sur les possibilités que le dollar canadien continue à s’apprécier et provoque des pertes de change qui nuiront à vos investissements, sachez qu’il est maintenant très facile d’investir à l’étranger, tout en vous prémunissant contre les variations du taux de change. Parlez-en à votre conseiller financier!