Dollar canadien
où s’en va notre huard ?
La valeur du dollar canadien nous paraît souvent bien mystérieuse. Pendant la seule période des 25 dernières années, le huard a déjà atteint un creux historique de 0,62 $ contre le billet vert en janvier 2002, puis un sommet de 1,09 $ en novembre 2007. Ce qui représente un écart considérable pour qui a déjà échangé des devises. Le vol du huard nous apparait ainsi bien erratique ; il existe néanmoins quelques clés pour comprendre et anticiper ses fluctuations.
Première clé : le prix des matières premières
C’est connu, le Canada est un grand exportateur de matières premières et de pétrole. Lorsque la demande pour les produits de base progresse, le prix de l’énergie et des matériaux de base augmente et le dollar canadien tend à s’apprécier. Une première clé pour prévoir les fluctuations du dollar consiste donc à prévoir les soubresauts du prix de l’énergie.
Deuxième clé : la parité des pouvoirs d’achat
Plus largement, une devise vaut donc ce qu’elle « achète ». La parité des pouvoirs d’achat (PPA), c’est-à-dire l’idée selon laquelle la valeur d’un panier de biens et services devrait être la même d’un pays à l’autre, est une façon d’évaluer le degré de sous- ou de surévaluation des devises. En cas d’écart important, le taux de change devrait théoriquement s’ajuster pour maintenir la parité. Il est possible de valider cette hypothèse en s’intéressant aux écarts d’inflation entre le Canada et les États-Unis. Ainsi, si l’inflation américaine demeure supérieure à l’inflation canadienne, le dollar canadien devra s’apprécier pour maintenir la parité des pouvoirs d’achat entre les deux devises. Il convient d’être prudent cependant, la PPA est un outil qui nous aide, certes, à apprécier les grandes tendances sur la devise, mais elle est peu utile comme outil de synchronisation du marché.
Troisième clé : l’écart de taux d’intérêt
Dans un troisième temps, les gestionnaires de portefeuille exercent une influence non négligeable sur la détermination des taux de change. Car, après tout, nous échangeons aussi des actifs. À court terme, une devise vaut ce qu’elle « rapporte », et en ce sens, les taux d’intérêt de part et d’autre de la frontière peuvent également influencer le vol de l’oiseau. Pour prévoir les courants de migration, une attention particulière doit être portée sur les politiques monétaires des banques centrales.
Sans entrer dans les détails, il faut comprendre que les gestionnaires de portefeuille sont constamment à la recherche des meilleurs placements pour faire fructifier nos avoirs. Les taux d’intérêt plus élevés attirent donc les capitaux comme des aimants. Donc, si on prévoit que la Réserve fédérale américaine (Fed) maintiendra ses taux d’intérêt plus haut et plus longtemps que la Banque du Canada, le dollar américain aura tendance à s’apprécier vis-à-vis du dollar canadien. C’est d’ailleurs en partie pour cette raison que ce dernier a perdu près de 2,5 % de sa valeur face au dollar américain depuis le début de 2024. Anticiper les politiques monétaires de part et d’autre de la frontière devient donc impératif pour qui veut comprendre les mouvements de devises.
Conclusion
Comprendre les clés qui influencent la valeur du dollar canadien est essentiel à bien des égards. Il existe toutefois une quatrième clé pour qui souhaite s’attaquer à la prévision de devise : la confiance. Une hausse de la demande pour le huard aujourd’hui, parce que l’on croit à son appréciation future, aura pour effet de rehausser la valeur de la devise aujourd’hui. La psychologie des masses possède un important pouvoir explicatif sur la valeur des devises. Dommage qu’il soit si difficile d’anticiper les mouvements de foule !