La hausse des taux d’intérêt et son impact sur les Fonds FMOQ
Depuis quelques années, beaucoup de gestionnaires de portefeuilles appréhendaient une hausse des taux d’intérêt, mais ces derniers ont continué à baisser, contribuant par le fait même au gonflement des rendements des fonds obligataires. Toutefois, la situation est différente depuis le printemps, car les taux ont fait un bond à la hausse à compter du mois de mai. En plus de faire chuter de 4 % le principal indice obligataire canadien, ce mouvement a écorché au passage les fonds équilibrés comprenant de telles obligations négociables.
Plusieurs sont d’avis que les taux continueront à monter au cours des prochaines années. Cependant, il faut signaler 1) que l’inflation ne constitue pas une menace à l’heure actuelle et 2) que les banques centrales s’en tiennent toujours à des politiques monétaires accommodantes, la reprise économique ne justifiant pas encore un resserrement.
Voyons tout de même comment les différents Fonds FMOQ sont affectés par les hausses de taux.
Fonds monétaire FMOQ
Le Fonds monétaire FMOQ génère présentement un rendement d’environ 1,25 %, excluant les frais de gestion qui sont de 0,46 %, ce qui lui donne un rendement net avoisinant 0,80 % par année. Ce taux suivra de très près les hausses que la Banque du Canada décrètera au cours des prochaines années. En conséquence, les hausses de taux seront favorables pour le Fonds monétaire FMOQ.
Fonds obligations canadiennes FMOQ
Contrairement aux fonds monétaires, les fonds d’obligations ont largement bénéficié des baisses de taux. Rappelons que le rendement d’un fonds d’obligations est basé sur deux éléments : 1) le coupon (l’intérêt) de l’obligation et 2) l’appréciation de la valeur marchande de celle-ci, lorsque les taux d’intérêt sont à la baisse. La situation s’avère toutefois problématique lorsque ces derniers se situent à des seuils planchers. En effet, le coupon étant alors très faible, la valeur marchande de l’obligation baisse si les taux commencent à monter.
Puisqu’un fonds de ce type diversifie généralement les échéances de ses obligations (de 1 à 30 ans), ce ne sont pas tant les variations de taux à court terme de la Banque du Canada qui affecteront la valeur des obligations que 1) les expectatives des marchés à moyen et à long terme sur la croissance économique à venir et 2) de possibles pressions inflationnistes au cours des prochaines années. Les gestes du gouverneur de la Banque du Canada, certes, mais surtout ses discours, auront tout de même un impact sur la courbe des taux.
Plus une obligation est à long terme, plus sa valeur est sensible aux variations des taux d’intérêt. L’indice qui sert de repère aux fonds d’obligations est le DEX Univers. Sa durée* moyenne est de 6,65 ans. Sans trop entrer dans les détails, il faut savoir que la durée d’une obligation, ou la durée moyenne d’un fonds d’obligations, permet de mesurer l’impact d’une variation de taux d’intérêt sur la valeur marchande de l’obligation, ou du fonds.
Pour un fonds dont la durée est de 6,65 ans, comme le Fonds obligations canadiennes FMOQ, une hausse de taux de 0,5 % sur toutes les échéances se traduirait par une baisse du Fonds de 3,33 % ; une hausse de 1 %, par une baisse de 6,65 % ; et ainsi de suite.
Pour obtenir le rendement du Fonds, il faudrait y ajouter le coupon (environ 2,90 % présentement) et y soustraire les frais de gestion (1,09 %). Une hausse généralisée des taux de 1 % entrainerait donc un rendement négatif de – 4,8 % (2,90 % – 6,65 % – 1,09 %).
L’impact serait beaucoup moins grand si la hausse était plus graduelle, voire sur une période de quelques années plutôt que de quelques mois. Pour une hausse des taux de 1 % sur 3 ans, le Fonds obligations canadiennes FMOQ procurerait un rendement moyen légèrement positif. En conséquence, les hausses de taux seront défavorables à court terme pour le Fonds obligations canadiennes FMOQ.
Nous parlons bel et bien de court terme, car les fonds d’obligations pourront générer des rendements plus élevés après la période d’ajustement à la hausse des taux. Si les investisseurs ayant un horizon de placement à court terme doivent se méfier de ces fonds, la situation est beaucoup moins délicate pour ceux qui investissent à long terme, soit sur un horizon de plus de cinq ans.
Fonds équilibrés FMOQ
Comme les Fonds équilibrés FMOQ détiennent à la fois des actions, des obligations et des titres du marché monétaire, il faut creuser un peu pour connaître la vulnérabilité de ces Fonds face à de possibles hausses des taux.
Fonds omnibus FMOQ
Ce Fonds est régulièrement rééquilibré afin de détenir 55 % d’actions et 45 % de titres à revenu fixe. Dans un environnement normal, ils sont composés de 3 % de titres du marché monétaire et de 42 % de parts du Fonds obligations canadiennes FMOQ. À la suite des baisses de taux, ce Fonds détient depuis déjà quelque temps entre 5 % et 10 % de titres du marché monétaire ainsi qu’entre 35 % et 40 % de parts du Fonds obligations canadiennes FMOQ. Par voie de conséquence, le Fonds omnibus FMOQ est moins sensible aux variations de taux d’intérêt qu’en temps normal.
Fonds de placement FMOQ
La répartition d’actifs de ce Fonds varie selon les perspectives de ses gestionnaires. Sa proportion de titres à revenu fixe peut fluctuer de 21 % à 41 %. Afin de se prémunir contre une hausse de taux, le gestionnaire peut aussi favoriser les titres du marché monétaire, au détriment des obligations. À l’heure actuelle, seulement 15 % du Fonds est composé d’obligations, contre 6 % en titres du marché monétaire. Donc, le Fonds de placement FMOQ sera très peu affecté par une hausse généralisée des taux et le gestionnaire aura la possibilité d’ajuster la répartition du Fonds pour profiter des occasions qui se présenteront.
Fonds revenu mensuel FMOQ
Dans un contexte de hausse de taux, ce Fonds pourrait être plus affecté, car il investit dans des actions à dividende élevé, des actions privilégiées, des obligations ainsi que des titres du marché monétaire. La demande pour les actions à dividende élevé est forte lorsque les taux d’intérêt sont bas, mais il n’est pas exclu que ces titres subissent la « concurrence » de placements plus conservateurs (par exemple, les CPG ou les obligations), si jamais leurs taux d’intérêt étaient bonifiés.
Pour tenir compte de ce contexte, le gestionnaire du Fonds revenu mensuel FMOQ sous-pondère présentement ses investissements qui sont plus sensibles aux hausses de taux (en l’occurrence les obligations et les actions privilégiées). Par contre, il surpondère les placements à court terme ainsi que les actions ordinaires versant un dividende susceptible de s’apprécier au cours des prochaines années. Ainsi, le Fonds revenu mensuel FMOQ serait affecté négativement advenant un ajustement abrupt des taux à la hausse, mais il se tirerait bien d’affaire si les hausses de taux étaient graduelles et modérées.
Fonds équilibré conservateur FMOQ
Comme son nom l’indique, ce nouveau Fonds FMOQ créé en avril 2013 a pour objectif d’offrir un rendement plus stable que les autres Fonds équilibrés FMOQ. Il a été conçu pour les investisseurs qui ne veulent pas être trop exposés aux risques des actions.
Ce Fonds détient généralement environ 30 % d’actions ; en contrepartie, il est plus exposé au marché obligataire. Son portefeuille d’obligations est toutefois de plus courte durée (4 ans actuellement) pour éviter d’être trop pénalisé lorsque les taux fluctuent à la hausse. Il contient aussi plus d’obligations de sociétés qui offrent un rendement supérieur aux obligations gouvernementales, tout en ayant tendance à en offrir un meilleur, surtout en période de reprise économique, soit lorsque les taux d’intérêt commencent à monter et que les taux de défaut (faillites) sont plus faibles. Le Fonds sera tout de même affecté négativement pendant la remontée des taux, mais il offre moins de risque relié au marché boursier que les autres Fonds équilibrés.
Conclusion
Les hausses de taux n’affectent pas tous les Fonds FMOQ de la même façon. Maintenant qu’il est possible de savoir comment ils sont exposés au marché obligataire, il est préférable d’en discuter avec votre conseiller.
N’oubliez pas qu’une bonne diversification demeure toujours recommandable, car rien n’est jamais certain lorsqu’il est question des perspectives économiques et financières… même en ce qui a trait aux hausses des taux.
* La durée représente l’échéance moyenne des obligations en tenant compte des coupons qui seront perçus avant l’échéance.