Marchés boursiers : fin de la séquence de baisse ?
En 2002, le marché boursier américain et de nombreux autres parquets mondiaux ont affiché pour une troisième année consécutive des résultats négatifs. La séquence baissière qui s’est amorcée avec le dégonflement de la « bulle technologique » en l’an 2000 semble s’éterniser. Les investisseurs qui ont vu graduellement fondre la valeur de leurs avoirs peuvent-ils espérer des jours meilleurs ?
Pourtant, 2002 avait bien débuté. Ébranlés par le ralentissement de l’économie américaine et, surtout, par les événements du 11 septembre, les indices boursiers avaient rebondi de façon spectaculaire au dernier trimestre de 2001, soulevant l’optimisme. La croissance, partout en Amérique du Nord, devenait plus rapide et plus robuste. La progression ainsi enregistrée au premier trimestre de 2002 était prometteuse. Mais à compter du printemps, toute une série de révélations allait jeter de l’ombre sur la crédibilité des entreprises, des maisons de vérification, et sur l’ensemble du système financier américain. Qu’il suffise de rappeler les affaires Enron, Worldcom et Tyco. Cette série de scandales allait miner peu à peu la confiance des investisseurs, provoquant un recul des marchés.
Les autorités réglementaires ont aussitôt réagi, en adoptant une série de mesures visant à assainir les pratiques comptables et à renforcer l’encadrement du commerce des valeurs mobilières.
Si toutes ces interventions ont porté fruit, elles n’ont pas rétabli pour autant la confiance des investisseurs, car une nouvelle menace allait poindre au troisième trimestre de 2002, celle d’un conflit armé entre les États-Unis et l’Irak, sans parler des tensions accrues au Moyen-Orient.
Investisseurs échaudés…
Excédés par la réduction constante de la valeur de leur portefeuille, bien des investisseurs ont choisi de vendre leurs parts de fonds communs, à commencer par les fonds d’actions, pour se réfugier sur des marchés moins volatils et plus conservateurs, dont celui des titres à revenu et des obligations. Beaucoup ont opté pour des placements dans le domaine de l’immobilier, en plein essor.
Ces transferts massifs de capitaux ont affecté l’industrie des fonds de placement. En effet, pendant des mois, les investisseurs ont retiré plus d’argent qu’ils n’en ont investi, si bien que les entrées nettes (achats moins retraits) ne totalisaient que 3,3 milliards de dollars au 30 novembre pour l’ensemble des 4 500 fonds disponibles au Canada, comparativement à des entrées nettes de 26 milliards de dollars l’année précédente.
De même, les ventes nettes des fonds d’actions canadiennes n’ont atteint au 30 novembre que 187 millions de dollars, par rapport à des ventes nettes de 1,5 milliard de dollars à la même période en 2001.
Globalement, en raison de ces sorties d’argent et de la dépréciation de leurs portefeuilles, les promoteurs de fonds de placement ont vu leur actif total passer de 427 milliards de dollars à la fin de 2001 à 394 milliards de dollars à la fin de 2002, soit un repli de 33 milliards de dollars.
Ne rien décider sous le coup de l’émotion
Les conseillers financiers ne cessent de le répéter : la règle d’or en matière de placement, c’est la diversification. Diversification des grandes catégories de titres (effets de marché monétaire, obligations et actions), diversification géographique et sectorielle, et ainsi de suite. Pourquoi ? Parce que les marchés et même les segments de marché n’évoluent pas tous au même rythme ni avec la même amplitude. Par exemple, en 2002, les obligations ont procuré un rendement positif, alors que les actions ont baissé. Détenir une grande variété de placements atténue donc les répartitions sur un portefeuille de la contre-performance d’un marché en particulier.
Du même coup, la diversification vient donc réduire la tentation de prendre des décisions financières en fonction de résultats ponctuels à court terme, comme celle de liquider ses parts de fonds de placement en période de baisse. Une telle attitude émotive n’est jamais recommandée. Il importe de conserver une vision à long terme, sans se laisser influencer par des fluctuations temporaires.
Les absents ont toujours tort
Plusieurs investisseurs ont paniqué en 2002 et abandonné les marchés boursiers, croyant ainsi limiter leurs pertes. Mais, ne possédant plus de titres boursiers (actions ou parts de fonds d’actions), ils ne pourront profiter de la reprise qui se profile.
Déjà, les résultats du quatrième trimestre de 2002 sont encourageants. Tous les marchés boursiers internationaux se sont appréciés de manière tangible. Mieux encore, les indices paraissent dorénavant évoluer en fonction, non plus d’une succession de scandales, mais de l’environnement économique fondamental qui, lui, est demeuré sain. Le remontée des indices à la fin de 2002 reflète le redressement des profits des entreprises. Voilà un signe concret de relance.