Séisme, tsunami et accident nucléaire au Japon. Une autre menace pour l’économie mondiale ?
Le violent tremblement de terre, le tsunami dévastateur et l’accident nucléaire qui secouent le nord-est du Japon constituent une autre menace qui s’ajoute à une longue liste d’événements susceptibles d’affecter l’économie planétaire. Les conflits au Proche-Orient, l’évolution du prix du pétrole, l’augmentation de l’inflation en Chine, la crise des finances publiques de pays européens, de même que la faiblesse du marché immobilier et de l’emploi aux États-Unis, sont autant de facteurs qui créent de l’incertitude quant à la croissance mondiale.
En ce qui concerne plus particulièrement le Japon, la question la plus préoccupante réside dans la capacité du pays à contrôler la crise nucléaire qui perdure à la suite de la série d’explosions à la centrale de Fukushima. L’économie nippone est la troisième du monde, après celles des États-Unis et de la Chine. Avec un poids d’environ 9,5 % dans l’indice boursier MSCI monde, les actions du Japon en font le deuxième plus important pays après les États-Unis. Il faut rappeler que, depuis de nombreuses années, le marché boursier japonais est aux prises avec des difficultés qui ont eu pour effet de réduire considérablement sa valeur. Non seulement celle-ci est-elle environ 75 % inférieure à son sommet du début de la décennie 1990, mais le début de reprise escompté cette année par les prévisionnistes est possiblement compromis. Le graphique illustre l’évolution du marché boursier japonais depuis l’année 1984.
À la suite de cette catastrophe, le marché japonais a connu une correction de plus de 20 %. Les autres marchés boursiers à travers le monde ont saisi l’occasion pour faire de même, mais dans une moindre mesure. Si, règle générale, des événements
catastrophiques servent de prétexte à une prise de profit mondiale dans un marché haussier et engendrent des occasions d’achat, le spectre d’une tragédie nucléaire majeure est plus difficile à mesurer. Il n’en demeure pas moins que les récents événements qui bouleversent les Japonais ne pouvaient pas survenir à un plus mauvais moment.
La capacité du gouvernement à stimuler l’économie est limitée en raison du niveau très élevé de la dette publique, et il ne dispose d’aucune marge de manœuvre sur le plan monétaire, les taux étant déjà à zéro. De plus, la flambée du yen face au dollar l’a propulsé à un niveau record depuis la Seconde Guerre mondiale, et elle représente un risque sérieux pour la compétitivité des exportations.
Le haut atteint par la monnaie japonaise après le séisme peut paraître surprenant, mais il s’explique par une fièvre spéculative provoquée par le rapatriement de nombreux capitaux requis pour la reconstruction du pays. Économie exportatrice, le Japon aurait indéniablement intérêt à ce que son yen soit plus faible afin de stimuler ses ventes de biens et services à l’étranger. Récemment, le groupe des sept pays les plus industrialisés de la planète, le G7, est intervenu pour combattre la force du yen. De son côté, la Banque du Japon en a injecté plusieurs milliards pour alimenter le système bancaire et tenter de rassurer les marchés. L’appréciation de l’unité monétaire nippone est considérée comme un facteur aggravant de la déflation qui persiste depuis plusieurs années. Rappelons qu’après son sommet boursier de 1990, le Japon a connu une période de 10 ans avec une faible inflation pour ensuite connaître des épisodes de déflation (inflation négative) dans la dernière période de 10 ans. Les taux d’intérêt pour des obligations 10 ans se situent encore aux environs de 1,30 % laissant peu d’alternatives intéressantes aux investisseurs domestique japonais. Selon plusieurs analystes, la reconstruction du Japon fera grimper la demande de matières premières. Le pays est le troisième plus important consommateur mondial de produits de base, après la Chine et les États-Unis. La situation actuelle pourrait être également propice aux sources énergétiques plus sécuritaires, car nombre de pays seront vraisemblablement portés à remettre en question leurs projets de développement de l’énergie nucléaire.
Des études indiquent qu’en général, les perturbations économiques provoquées par des catastrophes naturelles et des événements géopolitiques ne s’avèrent pas néfastes à long terme pour les bourses. Les tremblements de terre, par exemple, sont des événements dont l’ampleur des dommages est, de manière générale, évaluée assez rapidement. Les opérations de nettoyage et de reconstruction qui suivent un désastre naturel de ce type exigent des capitaux importants. En conséquence, il est possible que cette malheureuse catastrophe ait, dans une certaine mesure, des répercussions positives sur la croissance mondiale, si les autorités japonaises parviennent à parer la menace nucléaire.
Trois de nos Fonds FMOQ sont faiblement exposés au marché japonais. Il s’agit du Fonds omnibus FMOQ (2 %), du Fonds de placement FMOQ (1 %) et du Fonds actions internationales FMOQ (8 %). Il faut noter que le pourcentage d’actions nippones a été effectivement réduit au cours des dernières années afin de faire place à celles de pays émergents, les titres de ces derniers étant plus susceptibles de s’apprécier en raison de la performance impressionnante de ces pays en croissance rapide ou nouvellement industrialisés. Il faut aussi préciser que Fiera Sceptre, l’équipe responsable de la gestion active du Fonds actions internationales FMOQ, a choisi de peu investir l’actif du portefeuille de ce dernier au Japon. Elle a surtout privilégié les titres de quelques sociétés nippones axées sur les exportations, plutôt que de détenir des titres d’entreprises locales qui sont sans nul doute sérieusement ébranlées par la calamité qui s’abat sur le pays du soleil levant.
En terminant, nous réitérons qu’il est avantageux d’investir dans des Fonds, car la diversification qui les caractérise permet de réduire les risques inhérents à divers types d’événements, comme ceux qui, malheureusement, viennent de frapper de plein fouet le Japon.