/  19 septembre 2005

Septembre 2000 : 5 ans déjà!

Qui a oublié le mois de septembre 2000 ? Attention ! Nous ne faisons pas référence au 11 septembre 2001, mais plutôt au 5 septembre 2000.

Cette date marque, en effet, la journée où l’indice phare de la Bourse canadienne, soit le S&P/TSX, a atteint un sommet historique de 11 402 points. En fait, le 5 septembre 2000 a été le début de ce qu’il est maintenant convenu d’appeler le dégonflement de la bulle spéculative du secteur technologique. Soulignons, toutefois, que les divers indices du marché américain avaient déjà atteint leurs sommets respectifs au cours des mois précédents. Ils oscillaient même depuis un certain temps : janvier pour le Dow Jones, et mars pour le S&P 500 et le NASDAQ. Les investisseurs canadiens, eux, probablement enivrés par la performance de leur entreprise vedette (Nortel pour ne pas la nommer) qui représentait alors plus du tiers de l’indice S&P/TSX, ont tardé à réaliser que la bulle spéculative avait éclaté.

Que s’est-il passé depuis ?

À partir du tableau ci-dessous, qui illustre l’évolution de l’indice S&P/TSX au cours des cinq dernières années, nous pouvons faire quelques constats.

5 septembre 2000

Le 5 septembre 2000, une période de croissance quasi ininterrompue des marchés boursiers canadiens prenait fin. Au cours de cette période qui avait commencé en 1998, l’indice de la Bourse de Toronto (S&P/TSX et TSE300 avant 2000) était passé de 5325,8 à 11402 points, soit une croissance de plus de 114 %.

5 septembre 2000 – 21 septembre 2001

Entre le 5 septembre 2000 et le 21 septembre 2001, les investisseurs ont assisté au dégonflement rapide et sans appel de la bulle créée par leur engouement pour les titres de technologie. Ainsi, l’indice S&P/TSX est passé de 11402 à 6301,5 points le 21 septembre 2001, quelques jours à peine après les attentats du 11 septembre. Cette chute de plus de 5000 points représentait alors une sévère correction de 44,7 %. Or, les malheurs des investisseurs n’étaient pas terminés pour autant.

21 septembre 2001 – 7 mars 2002

Les nombreuses mesures de stimulation économique mises en place par les divers gouvernements à la suite des attentats du 11 septembre ont permis un raffermissement temporaire des marchés boursiers. L’indice S&P/TSX augmenta alors de 27 % et atteignit le niveau de 7992,7 points, le 7 mars 2002. Toutefois, cette embellie allait être de courte durée.

7 mars 2002 – 10 octobre 2002

Les investisseurs ont été les témoins d’une rechute des marchés au cours de laquelle l’indice S&P/TSX ne se contenta pas de perdre le terrain repris au cours des mois précédents, mais tomba encore plus bas pour atteindre, le 10 octobre 2002, le niveau de 5678,3 points. Ainsi, par rapport au sommet de 11402 points atteint le 5 septembre 2000, l’indice avait chuté de 50,2 % en 765 jours. Durant cette même période, la valeur du titre de Nortel, le fleuron des sociétés technologiques canadiennes et l’enfant chéri des investisseurs, passait de 124,50 $, en juillet 2000, à 0,67 $, en octobre 2002. Il faut remonter à la grande crise de 1929 pour voir, en ampleur et en durée, une correction aussi sévère des marchés boursiers canadiens.

De leur côté, les marchés financiers américains n’ont pas fait meilleure figure. Le Dow Jones a enregistré des pertes de 39,7 % sur une période de 1 000 jours, tandis que le S&P 500 a baissé de 34,5 % en 935 jours. Quant au NASDAQ, l’indice par excellence des sociétés technologiques, il a chuté de 78,4 % en 944 jours. Le tableau ci-dessous présente le détail de ces mouvements baissiers.

S&P/TSX
DOW JONES
S&P 500
NASDAQ
Sommet
11 402,0
11 908,5
1 173,9
5 132,5
Date (2000)
5 septembre
14 janvier
19 mars
10 mars
Creux
5 678,3
7 181,5
768,6
1 108,5
Date (2002)
10 octobre
10 octobre
10 octobre
10 octobre
Baisse en points
5 723,7
4 727,0
405,3
4 024,0
Baisse en pourcentage
50,2%
39,7%
34,5%
78,4%
Nombre de jours
765
1 000
935
944

10 octobre 2002 – 13 avril 2004

Après plus de deux ans de correction boursière, les marchés boursiers, stimulés par la forte croissance économique nord-américaine, ont finalement entamé une période haussière soutenue et presque ininterrompue. Le S&P/TSX est alors passé de son creux de 5678,3 points à 8917,6 points, soit une hausse de 57 %. Bien que cette nouvelle ère était la bienvenue, elle ne s’est pas avérée suffisante pour permettre à la plupart des investisseurs de récupérer leurs pertes. À preuve, il manquait encore 2484 points à l’indice pour atteindre le niveau de septembre 2000. De plus, certains titres, tels que celui de Nortel et ceux de plusieurs sociétés du secteur des technologies, n’ont pas été en mesure de réaliser le même redressement. Plusieurs investisseurs ont également paniqué face à la longueur de la correction et se sont retirés du marché, cristallisant ainsi leurs pertes.

13 avril 2004 – 13 août 2004

En raison de possibles hausses des taux d’intérêt, d’un recul des prix des matières premières, d’un nouveau scandale lié aux états financiers de Nortel et de la flambée du prix du pétrole, la période de redressement des marchés boursiers a pris fin le 13 avril 2004. Après une croissance qui aura duré près d’un an et demi, les investisseurs, préoccupés par la suite des événements, ont fait reculer l’indice canadien jusqu’à 8112,8 points, le 12 mai 2004, soit son plus bas niveau depuis le début de l’année. Bien que les marchés ont repris un peu de vigueur durant l’été 2004, ils faisaient du surplace le 13 août 2004, à 8116,2 points.

13 août 2004 – 7 mars 2005

Du 13 août 2004 au 7 mars 2005, les marchés boursiers ont affiché une tendance haussière quasi ininterrompue qui a amené l’indice canadien tout près du seuil magique des 10000 points (9937,6 points, le 7 mars 2005). En plus d’avoir été stimulés par les résultats des entreprises et la croissance de l’économie mondiale, les marchés étaient rassurés par des taux d’intérêt qui avaient monté de manière plus graduelle que ce qui avait été anticipé. Ainsi, bien que n’ayant pas encore atteint le sommet ayant précédé le dégonflement de la bulle spéculative, le S&P/TSX a tout de même enregistré une croissance de 75 % par rapport à son creux du 10 octobre 2002.

7 mars 2005 – fin juillet 2005

Le 16 mai dernier, après une courte période de repli de faible importance, les marchés ont repris leur marathon à la hausse. En raison principalement de la hausse du prix du pétrole, l’indice S&P/TSX a fracassé les 10000 points à la mi-juin. Au moment de rédiger cet article, il poursuivait allègrement sur sa lancée vers son plafond historique de 11400 points. Aussi, afin d’attirer l’attention des investisseurs sur la possibilité d’une nouvelle bulle spéculative dans certains secteurs (en particulier celui de l’énergie où les compagnies pétrolières ont vu le cours de leurs actions doubler au cours des deux dernières années), nombre d’analystes et d’observateurs de la scène financière ont fait passer le feu au jaune.

Quelles leçons tirer ?

Aussi intéressant soit-il de revoir l’évolution boursière des cinq dernières, l’exercice n’a de sens et n’est utile que si l’on en tire quelques leçons. Selon nous, il y en quatre principales.

1. Les marchés boursiers sont cycliques

Bien que cette affirmation puisse paraître évidente, la récente reprise boursière nous montre, une fois de plus, que les marchés boursiers évoluent selon certains cycles de hausse et de baisse qui semblent plus influencés par la psychologie des investisseurs que par des éléments mesurables et intrinsèques à la valeur des titres et à la croissance économique.

2. Les marchés boursiers sont haussiers à long terme

Peu importe l’ampleur et la durée d’une correction boursière, les marchés boursiers ont toujours repris, après une période plus ou moins longue, une tendance haussière à long terme, puis dépassé le sommet préalablement atteint. Il ne faut toutefois pas en conclure que tous les titres recouvrent leur valeur, car ce n’est généralement pas le cas. C’est particulièrement vrai lorsqu’ils ont fait l’objet d’une surévaluation, comme le titre de Nortel. Cependant, l’investisseur qui perd espoir en une reprise et qui décide de se retirer totalement des marchés lorsqu’ils sont baissiers ne fait que cristalliser ses pertes et perd effectivement toute possibilité de rétablir son portefeuille. En pratique, ni la panique ni l’emballement n’ont leur place en placement.

3. Il faut savoir quand acheter et quand vendre

En apparence simpliste, cette affirmation constitue l’essence même du placement. La récente crise permet d’ailleurs aux investisseurs avisés d’obtenir quelques éléments additionnels qui devraient leur permettre d’effectuer de meilleurs placements :

  • Lorsque le train a démarré, rien ne sert de courir après! Autrement dit, dès que les marchés boursiers sont entrés dans une phase spéculative et qu’ils ont déjà pris plusieurs points à la hausse, principalement dans un secteur précis, rien ne sert alors d’entrer en force dans ce dernier. Pourquoi? Parce que les risques d’une chute y sont plus importants que les probabilités d’une hausse.
  • Les titres ayant fait l’objet de spéculation lors d’une hausse présentent rarement un potentiel d’accroissement important lorsque la bulle s’est dégonflée, et ce, même s’il s’agit d’une société affichant un bon potentiel de rendement. Il faut laisser le temps aux investisseurs déçus d’oublier leurs malheurs et à ceux qui n’ont pas liquidé leurs positions au cours de la période baissière, de le faire.

4. La diversification et un horizon de placement à long terme demeurent des éléments de succès

Enfin, bien qu’elle ne soit pas nécessairement liée à la présente période, cette dernière leçon est primordiale. En effet, les deux règles de base de la constitution d’un portefeuille, en l’occurrence la diversification des investissements et le maintien d’un horizon de placement à long terme, assurent des rendements adéquats et permettent de se mettre à l’abri de la plupart des aléas spéculatifs des marchés.

À bon investisseur, salut !

S&P/TSX