Survol des marchés financiers | Fiera Capital – Décembre 2019
Contexte économique
Le quatrième trimestre de 2019 s’est déroulé sous le signe de l’optimisme. En effet, les facteurs sociopolitiques qui avaient soulevé les incertitudes et craintes des investisseurs au cours des trimestres précédents se sont atténués.
Ainsi, les négociations entre les États-Unis et la Chine ont progressé tout au cours de l’automne. Une entente de principe a été conclue à la mi-décembre. Bien que tout ne soit pas réglé, on peut compter sur une trêve dans cette terrible guerre des tarifs douaniers.
Au Royaume-Uni, la tenue d’élections anticipées en décembre a conduit les conservateurs à une victoire écrasante. La perspective d’un Brexit ordonné, c’est-à-dire assorti d’une entente, a donc contribué à calmer les craintes sur les marchés financiers.
Les tensions commerciales internationales ont tout de même eu des effets importants sur la croissance de l’économie mondiale. La diminution du volume des échanges commerciaux a particulièrement affecté les pays dotés d’un secteur manu-facturier important. À cet égard, on peut nommer le Japon et l’Allemagne qui ont frôlé la récession durant l’été 2019.
La croissance économique de la zone euro, quoique très faible, a surpassé les attentes au cours des derniers mois. Cet automne, les perspectives de croissance se sont embellies. Plusieurs enquêtes révèlent une montée de l’optimisme des consommateurs et des chefs d’entreprise. Il semble donc que le pire soit passé pour la zone euro et le Royaume-Uni.
En Asie, l’économie japonaise a été tout particulièrement affectée par la guerre commerciale et ses effets sur la demande mondiale pour ses produits. À cet effet, le gouvernement tente de mettre en place de nouvelles mesures de stimulation pour contrebalancer la chute des exportations et de la production industrielle. Par ailleurs, le taux de croissance du secteur manufacturier chinois est au plus bas depuis une décennie. Là aussi, les autorités tentent de mettre en place des mesures visant à atténuer les effets de ce ralentissement. Notons que le taux de croissance de l’économie chinoise avoisine tout de même 6 %, ce qui est de loin supérieur à la croissance des économies nord-américaines.
Aux États-Unis, la consommation demeure le principal vecteur de croissance. En effet, la vigueur du marché de l’emploi stimule la confiance des consommateurs et leurs dépenses. De plus, les baisses de taux d’intérêt encouragent le crédit hypothécaire. Les mises en chantier et les ventes de maison ont connu une forte progression au cours de l’automne. Par ailleurs, l’atténuation des tensions commerciales internationales a causé un rebond de la demande des entreprises américaines pour les biens d’équipement. C’est un signe que les entreprises américaines sont prêtes à reprendre leurs investissements après plusieurs trimestres d’hésitation.
Au Canada, la croissance économique s’est poursuivie à un rythme plus soutenable. En effet, son rythme effréné enregistré au printemps 2019 était exceptionnel. Il faut souligner que l’économie canadienne a été peu affectée par la faiblesse des échanges commerciaux. La vigueur du marché de l’emploi a soutenu la demande intérieure et le secteur du logement. De plus, les investissements non résidentiels et les dépenses des entreprises demeurent élevés. Enfin, les dépenses gouvernementales contribuent à la croissance de notre économie.
Politique monétaire et titres à revenu fixe
Le maintien de politiques monétaires accommodantes un peu partout à travers le monde a également contribué à atténuer les craintes des investisseurs. Aux États-Unis, la Réserve fédérale (la Fed) a poursuivi sa série de réductions du taux directeur en ajoutant une baisse de 0,25 % à la fin d’octobre. Depuis le 30 juin, la Fed a donc procédé à trois baisses de taux. Selon ses dirigeants, le niveau actuel est adéquat et il n’y a pas lieu de procéder à d’autres baisses, à moins que les conditions économiques ne se détériorent.
La courbe de taux des obligations gouvernementales américaines, qui s’était inversée au cours de l’été 2019, a repris une pente plus normale au cours du quatrième trimestre. Ce retour à la normale indique que les craintes de ralentissement économique se sont dissipées.
La Banque centrale européenne (la BCE) a réagi à une situation de faible inflation et de croissance économique léthargique. Elle a décidé de porter son taux directeur à -0,5 % et a annoncé une reprise de son programme d’achats d’obligations sur les marchés afin de stimuler les activités de crédit.
La Banque du Canada n’a pas suivi la voie tracée par la Fed et la BCE. La vigueur de l’économie a incité notre banque centrale à maintenir le statu quo et laisser le taux directeur inchangé. Selon ses dirigeants, il est inutile de stimuler davantage la croissance. Ils affirment que la politique monétaire actuelle reste appropriée et ne changera pas, à moins d’une forte détérioration de la conjoncture mondiale.
Les investisseurs obligataires canadiens demeurent toutefois sceptiques. À la fin du trimestre, l’ensemble de la courbe de taux des obligations du gouvernement canadien se situait sous le taux directeur de la Banque du Canada. Cela indique que les investisseurs s’attendent à une ou même plusieurs baisses du taux directeur au cours des prochains mois.
L’amélioration des perspectives économiques a causé une légère hausse des taux obligataires au cours du trimestre, ce qui a affecté le rendement de cette classe d’actif. Par ailleurs, le retour de l’optimisme a aiguisé l’appétit des investisseurs pour la prise de risque. Cela a soutenu les prix des obligations de sociétés.
Marchés boursiers
Encore une fois ce trimestre, les marchés boursiers ont été influencés par l’évolution des pourparlers entre les États-Unis et la Chine ainsi que par le maintien d’une politique monétaire accommodante, en particulier de la part de la Réserve fédérale américaine.
Les actions américaines ont connu une forte croissance, touchant de nouveaux sommets à plusieurs reprises au cours du trimestre. En moyenne, les bénéfices des sociétés américaines ont affiché une faible croissance par rapport à l’an dernier. Malgré tout, ces bénéfices ont été supérieurs aux attentes des analystes, ce qui a été bien reçu par les marchés.
Par ailleurs, l’assouplissement de la politique monétaire en zone euro et les développements dans le dossier du Brexit ont contribué à la bonne tenue du marché boursier européen.
Les actions canadiennes ont aussi connu un excellent trimestre, rattrapant une partie du retard qu’elles accusaient sur les autres marchés mondiaux. La hausse du prix du pétrole, causée par la décision des pays de l’OPEP et la Russie de limiter leur production, a contribué à cette progression des actions canadiennes. Les titres du secteur des services financiers ont également connu un très bon trimestre.
Les actions de plus petite capitalisation ont également profité de l’augmentation de la prise de risque suscitée par l’amélioration des perspectives économiques. Ainsi, au quatrième trimestre, le rendement de l’indice des actions canadiennes de petite capitalisation a dépassé celui des grandes capitalisations, ce qu’on n’avait pas vu encore en 2019.
Les actions des marchés émergents ont également connu un bon trimestre. Leur progression a toutefois été affectée par les tensions qui prévalaient à Hong Kong.
À l’horizon
Au cours des prochains trimestres, le scénario le plus probable est celui d’une stabilisation de l’économie mondiale. Après plusieurs trimestres marqués par l’incertitude, la croissance devrait reprendre de manière synchronisée à travers le monde.
L’économie américaine devrait continuer de mener le bal. Les consommateurs américains bénéficient d’un marché du travail serré et de bonnes perspectives de hausse de salaire. Cependant, la croissance des emplois et des dépenses de consommation pourrait ralentir.
Au Canada, la demande interne vigoureuse et l’atténuation des tensions commerciales internationales devraient continuer de soutenir la croissance. On devrait observer une accélération des exportations et de l’investissement des entreprises. Ces pans de l’économie prendront ainsi le relais des consommateurs comme moteur de la croissance économique.
À l’étranger, les incidences négatives des tensions commerciales devraient diminuer, ouvrant la voie au redressement des économies européenne et japonaise. L’économie chinoise devrait aussi se stabiliser grâce aux nombreuses mesures de stimulation monétaire et budgétaire mises en place au cours des derniers mois.
Comme l’inflation est relativement faible, les banques centrales à travers le monde pourront poursuivre leur politique accommodante, ce qui contribuera à prolonger le cycle économique actuel. Cette conjoncture augure bien pour les actions et les prix des matières premières, au détriment des titres à revenu fixe.