Survol des marchés financiers | Fiera Capital – Décembre 2021
Contexte économique
La croissance de l’économie mondiale s’est poursuivie durant le quatrième trimestre de 2021. Il est toutefois clair que la pandémie de la COVID-19 est loin d’être terminée et que ses conséquences sur l’économie demeurent une source de préoccupations. Ses effets se répercutent notamment sur ce qu’on appelle la chaîne d’approvisionnement, c’est-à-dire tout au long de la fabrication et de la distribution des biens. Des délais s’accumulent dans l’approvisionnement de matières premières, de pièces et de composantes électroniques. Puis, les usines fonctionnent parfois à une fraction de leur capacité. Ensuite, les délais et coûts de transport maritime et routier connaissent des soubresauts imprévisibles. Et enfin, la rareté de main-d’œuvre diminue l’efficacité de la distribution des produits jusque chez les consommateurs. Le secteur automobile nord-américain constitue un exemple concret de l’impact des problèmes d’approvisionnement sur la vente des produits finaux.
Par ailleurs, ces problèmes de chaînes d’approvisionnement et la rareté de main-d’œuvre ont contribué à une forte augmentation des prix au cours des derniers mois. Aux États-Unis, le taux d’inflation a grimpé à 6,6 % en octobre, son plus haut niveau depuis 1990. Au Canada, le taux d’inflation a atteint 4,7 %, soit un niveau inégalé depuis 2003.
Durant le quatrième trimestre, la croissance de l’emploi en Amérique du Nord a été inégale : elle ralentit aux États-Unis, mais se maintient au Canada. Au sud de la frontière, le nombre d’emplois est encore presque quatre millions de moins qu’avant la pandémie, en février 2020. Dans les deux pays, le nombre de postes vacants a toutefois explosé et la rareté de main-d’œuvre contribue à limiter la croissance.
Notons que l’arrivée du variant Omicron, qui s’avère plus contagieux que les variant précédents, a forcé les autorités de plusieurs pays à resserrer les mesures sanitaires. De telles mesures, si elles sont nécessaires du point de vue de la santé publique, ne sont pas sans conséquence pour l’activité économique.
Les investisseurs ont donc dû jongler avec, d’une part, l’impact potentiel du variant Omicron sur le rythme de croissance de l’économie mondiale et, d’autre part, les signes voulant que la Réserve fédérale américaine (Fed) s’apprête à redoubler ses efforts pour contenir l’inflation. Les difficultés rencontrées par le président Biden pour l’adoption de son projet d’investissements sociaux Build Back Better Act ont également contribué à la volatilité des cours en fin d’année. Cela n’a toutefois pas empêché les principaux indices de toucher de nouveaux sommets, et ce, jusqu’à la toute fin de l’année.
L’économie de la zone euro est pratiquement revenue à son niveau d’avant la pandémie. Comme certains pays ont dû resserrer les mesures sanitaires en réponse à la vague de cas du variant Omicron, le rythme de croissance devrait ralentir à court terme. La situation est semblable au Royaume-Uni, qui a connu un rebond spectaculaire de croissance au cours de l’été 2021.
En Chine, les signes de ralentissement de la croissance se multiplient. Le secteur manufacturier fait face à des contraintes de production d’électricité. De plus, les problèmes financiers du géant immobilier Evergrande ont mis en lumière les graves difficultés de l’ensemble du secteur immobilier chinois. Cette situation pourrait continuer d’affecter la croissance du PIB chinois en 2022.
Après avoir touché un sommet de 84 $ le baril au début de novembre, le prix du pétrole a été affecté par la recrudescence des cas de COVID-19 à la suite de l’apparition du variant Omicron. La décision des pays producteurs d’augmenter l’offre de pétrole a également contribué à la baisse du prix de l’or noir.
Politique monétaire et titres à revenu fixe
Au quatrième trimestre, les craintes de ralentissement du rythme de croissance de l’économie mondiale ont incité les investisseurs à se réfugier vers des valeurs sûres. Les obligations gouvernementales ont donc profité de ce mouvement, provoquant une légère baisse des taux obligataires.
La flambée de l’inflation a toutefois été au centre des préoccupations des banques centrales à travers le monde. Pour le président de la Fed, le haut niveau du taux d’inflation n’est plus une « situation transitoire », comme il s’efforçait de nous convaincre il y a à peine quelques mois. Comme son homologue de la Banque du Canada, il indique vouloir mettre fin à la stimulation monétaire. Les deux hommes ont mentionné que les hausses de taux directeur pourraient survenir plus tôt que prévu.
Les taux d’intérêt obligataires n’ont pas évolué de façon linéaire durant le trimestre. Les taux des obligations de 5 ans et moins ont été affectés par les perspectives du devancement des hausses de taux directeurs par la Fed et la Banque du Canada. Ils ont donc été tirés vers le haut. À l’opposé, les taux des obligations de plus longues échéances ont connu une légère baisse. Celle-ci a été provoquée par la perspective de ralentissement de croissance causée par les conséquences du variant Omicron sur l’activité économique.
Durant le quatrième trimestre, le dollar américain a gagné du terrain contre la majorité des devises. Des données économiques généralement supérieures aux attentes et un regain des investisseurs vers les valeurs refuges ont bénéficié à la devise américaine.
Marchés boursiers
Les marchés boursiers ont touché de nouveaux sommets durant le trimestre. Le chemin a toutefois été parsemé d’obstacles. Parmi les sources de volatilité sur les marchés boursiers, citons, entre autres, l’incertitude relative à la COVID-19, la possibilité des hausses plus rapides et plus importantes des taux directeurs, la baisse des ventes liée aux problèmes dans les chaînes d’approvisionnement et la rareté de main-d’œuvre dans une majorité des secteurs d’activité.
En dépit de ce contexte difficile, une majorité de sociétés a affiché des résultats financiers trimestriels supérieurs aux attentes. Malgré les hausses de prix, la demande pour les biens demeure forte. Du côté des services, la demande des consommateurs a repris de la vigueur. Ce contexte est donc favorable aux entreprises. Certains secteurs liés au tourisme et à la restauration connaissent une croissance plus fragile. Cela se répercute sur les valeurs boursières.
Au cours du quatrième trimestre, la volatilité des cours boursiers a été accompagnée d’une diminution du niveau de risque de la part des investisseurs. Les perturbations des cours boursiers en novembre et décembre ont donc été plus importantes sur les marchés émergents que sur les marchés développés. Pour les mêmes raisons, les actions de plus petite capitalisation ont accusé un certain recul sur les titres des plus grandes sociétés.
Dans l’ensemble, 2021 aura été une autre très bonne année boursière. Plusieurs indices de marchés développés terminent l’année avec un rendement de plus de 20 %.
À l’horizon
L’économie mondiale devrait poursuivre sa croissance au cours des 12 à 18 prochains mois. Le rythme de croissance devrait demeurer supérieur à la moyenne et le resserrement des politiques monétaires devrait se manifester par une hausse progressive des taux directeurs des banques centrales.
Grâce à la poursuite de la vaccination et au développement de médicaments contre la COVID-19, les autorités devraient lever les mesures de confinement et de distanciation sociale. Cela permettra un regain de confiance et un retour à une situation économique plus normale.
Le niveau élevé du taux d’inflation dans plusieurs pays du monde constitue toutefois un risque qu’il ne faut pas négliger. En effet, les banques centrales admettent que cette situation n’est peut-être pas aussi « transitoire » qu’elles le croyaient. Si les pressions inflationnistes devaient perdurer, les perspectives de croissance de l’économie mondiale pourraient s’assombrir considérablement. On pourrait alors vivre une période de stagflation, c’est-à-dire une combinaison de stagnation et d’inflation.
Une situation de stagflation aurait un impact négatif sur les perspectives boursières puisque les coûts des entreprises seraient en hausse alors que la demande pour leurs produits s’affaiblirait. Les obligations subiraient également un recul, puisque l’inflation élevée inciterait les investisseurs à exiger un rendement supérieur.
Ce scénario de stagflation n’est toutefois pas le plus probable. Dans l’ensemble, le contexte actuel demeure positif. La Banque du Canada et la Fed sont très conscientes du travail d’équilibriste qui leur incombe. Elles devraient donc hausser les taux directeurs avec doigté et ainsi préserver la croissance de l’économie et l’équilibre des marchés.
Nous croyons que le contexte actuel est favorable aux actions, au détriment des obligations. De plus, la forte demande mondiale pour les ressources naturelles et le caractère cyclique de la reprise actuelle favorisent le marché boursier canadien.