Survol des marchés financiers | Fiera Capital – Juin 2021
Contexte économique
La conjoncture économique mondiale a continué de s’améliorer au deuxième trimestre de 2021 grâce à l’accélération de la vaccination et au déploiement d’un important programme de dépenses budgétaires aux États-Unis. Les vagues d’éclosion liées aux nouveaux variants de la COVID-19 et les ratés de certaines campagnes de vaccination ont toutefois causé des divergences importantes entre les pays. À cet égard, l’écart entre la croissance économique des pays émergents et celle des pays industrialisés s’est creusé au cours des derniers mois.
Les États-Unis ont conservé la position de locomotive de l’économie mondiale grâce à l’aide de Washington et à l’assouplissement des mesures sanitaires. En effet, l’allocation individuelle de 1 400 $ incluse dans l’American Rescue Plan du président Biden a contribué à gonfler les dépenses des consommateurs. Par ailleurs, les annonces d’assouplissement des mesures sanitaires devraient favoriser l’accélération des embauches. À cet égard, la création d’emplois durant le deuxième trimestre a été décevante. Aux États-Unis, on compte encore 7,6 millions de travailleurs de moins qu’au sommet de février 2020. L’accélération de la croissance économique a généré sur les marchés les craintes d’un rebond de l’inflation. Elles ont teinté l’évolution des marchés financiers durant le trimestre.
Au Canada, la croissance économique a été affectée par l’apparition d’une troisième vague de la COVID-19. L’Ontario et les provinces de l’Ouest ont dû introduire de nouvelles mesures sanitaires pour contrer la propagation de la pandémie. La réduction du nombre de nouveaux cas devrait toutefois rimer avec une croissance plus robuste au cours des prochains mois. D’ailleurs, l’investissement résidentiel a continué de soutenir la croissance de l’économie canadienne au cours des derniers mois. Les ventes de maisons demeurent élevées malgré les prix défiant la gravité.
En Europe, l’économie a enregistré une contraction au premier trimestre de 2021, provoquant par le fait même un retour en récession. Heureusement, l’accélération des programmes de vaccination a permis la levée des restrictions dans plusieurs pays de l’Union européenne. Cela a stimulé un rebond de l’activité économique au deuxième trimestre. Les indicateurs économiques précurseurs pointent vers une nette amélioration du secteur manufacturier et des services au cours des prochains mois.
Après une croissance anémique au premier trimestre, l’économie chinoise a rebondi avec un rythme de croissance modeste. La forte demande chinoise pour les matières premières contribue tout de même à soutenir les prix de plusieurs métaux industriels, comme le cuivre. Mentionnons aussi qu’au cours des derniers mois, plusieurs économies émergentes ont été affectées par une flambée de nouveaux cas de la COVID-19. Ce fut le cas notamment en Inde et au Brésil. Malgré cette situation, les investisseurs ont exprimé, tout au long du deuxième trimestre, leur optimisme à l’égard de l’économie mondiale. Ils demeurent convaincus que le contexte est propice à une croissance rapide et généralisée de l’économie mondiale pour 2021 et 2022.
Politique monétaire et titres à revenu fixe
L’accélération de la croissance économique au deuxième trimestre de 2021 s’est accompagnée d’une augmentation des pressions inflationnistes. La hausse des indicateurs d’inflation est partiellement attribuable au mode de calcul de l’évolution des prix. À titre d’exemple, au printemps 2020, le prix de l’essence
touchait un creux historique. Il va de soi que le retour à un niveau plus normal cause une inflation annuelle élevée. En avril, un des indicateurs préférés de la Réserve fédérale américaine (la Fed) en matière d’inflation pointait substantiellement à la hausse, à 3,1 %. Ce rythme jamais vu depuis 1992 provient en partie des effets de comparaison. Toutefois, cet indicateur incorpore également d’importantes hausses de prix dans les secteurs des services bénéficiant des réouvertures, comme le transport aérien, les loisirs et l’hôtellerie.
Le président de la Fed, Jerome Powell, a insisté à plusieurs reprises sur le caractère temporaire du niveau actuel de l’inflation. La politique monétaire devrait continuer d’être accommodante pour une longue période. À cet égard, un récent sondage des membres de la Fed révèle que la première hausse de taux directeur pourrait survenir vers la fin de 2022. D’ici là, il est possible que le montant des achats de titres sur les marchés soit ajusté à la baisse au cours des prochains mois. La Fed surveillera particulièrement l’évolution du marché de l’emploi et la persistance de l’inflation. Les taux obligataires américains ont substantiellement diminué durant le deuxième trimestre. Le taux d’une obligation du gouvernement américain à échéance de 10 ans est ainsi passé de 1,74 % à moins de 1,50 %.
En Europe, afin de soutenir la reprise, la Banque centrale européenne et la Banque d’Angleterre ont également maintenu leurs politiques monétaires inchangées. Les autorités sont conscientes de la vulnérabilité de la reprise face aux possibles éclosions de variants et aux défis des campagnes de vaccination.
En avril, la Banque du Canada a été la première banque centrale à lever le pied de la stimulation monétaire. Elle a en effet décidé de réduire la taille de son programme d’achats d’obligations sur les marchés à 3 G$ par semaine. Cette décision et le discours moins accommodant tenu par les dirigeants de la Banque du Canada ont fait en sorte que l’écart des taux d’intérêt entre le Canada et les États-Unis s’est élargi en notre faveur. Cela a soutenu la hausse de notre dollar contre la devise américaine. La diminution du volume des achats d’obligations par la Banque du Canada a également limité la baisse des taux obligataires canadiens. Durant le deuxième trimestre, le taux d’une obligation du gouvernement canadien à échéance de 10 ans est ainsi passé de 1,56 % à environ 1,40 %.
Notons que le dollar canadien a également été favorisé par la hausse de près de 25 % du prix du pétrole et le maintien des prix des matières premières, comme le cuivre.
Marchés boursiers
L’intensification des efforts de vaccination, la baisse du nombre de nouveaux cas de la COVID-19 et le retrait des mesures de confinement ont créé des conditions favorables à la progression des marchés boursiers mondiaux.
À certains moments au cours du deuxième trimestre, la crainte d’un retour de l’inflation et d’un resserrement des conditions monétaires par la Fed a tempéré l’optimisme des investisseurs. Les interventions du président de la Fed ont réussi à calmer ces craintes. Cela a permis à plusieurs indices boursiers de terminer le trimestre à des niveaux records.
Depuis le début de 2021, les marchés boursiers nord-américains ont livré de meilleurs résultats que les marchés outre-mer et ceux des pays émergents. Ces résultats reflètent le niveau d’optimisme des investisseurs quant au succès de la lutte contre la COVID-19 et à la réussite des campagnes de vaccination dans chaque région du monde.
En général, les investisseurs ont très bien accueilli la publication des bénéfices trimestriels des entreprises. Par ailleurs, durant le deuxième trimestre, les investisseurs ont progressivement délaissé les titres dont les cours sont favorisés par un retour de l’inflation. Ils ont préféré les titres défensifs et ceux axés sur la croissance économique à long terme.
Notons que la force du dollar américain et l’explosion de nouveaux cas de la COVID-19 ont nui considérablement aux marchés boursiers émergents, comme l’Inde et les pays d’Amérique latine.
À l’horizon
Depuis le début de 2020, l’évolution de la pandémie de la COVID-19 a bouleversé plusieurs aspects de l’économie mondiale. Toutes les étapes des chaines d’approvi-sionnement ont été affectées, des matières premières jusqu’aux tablettes des marchands, en passant par la production manufacturière et le transport maritime international.
Heureusement, au fil de la succession de vagues et de l’apparition de variants, les gouvernements et les banques centrales ont réalisé des prouesses pour contenir la progression du virus, tout en limitant les conséquences à long terme sur les économies.
Il semble que nous approchions enfin de la conclusion de cette histoire. À tout le moins, le succès relatif des efforts de vaccination dans les pays industrialisés et la chute du nombre de nouveaux cas nous permettent d’entrevoir l’avenir avec optimisme.
Dans ce contexte, nous avons augmenté la probabilité de réalisation de notre scénario principal, celui d’une reprise rapide de l’économie mondiale en 2021 et 2022. Les mesures de confinement et de distanciation sociale seront progressivement retirées au cours des prochains mois. Cela contribuera à augmenter l’optimisme des consommateurs et des investisseurs.
Le 24 juin 2021, quelques jours avant la fin du deuxième trimestre, les élus américains se sont entendus sur une nouvelle enveloppe de dépenses de 579 G$. Ce montant devrait être investi dans l’amélioration des infrastructures. L’ensemble des mesures de stimulation mises en place depuis le début de l’année aux États-Unis et dans plusieurs autres pays du monde devrait contribuer à alimenter la croissance économique mondiale en 2021 et 2022.
Tant que les pressions inflationnistes demeurent sous contrôle, les autorités monétaires devraient maintenir des conditions favorables à la croissance économique et à la progression des marchés boursiers. En revanche, les craintes d’un retour de l’inflation risquent de provoquer une légère hausse des taux d’intérêt obligataires, ce qui affectera le rendement des titres à revenu fixe traditionnels.
L’accélération de la croissance éco-nomique mondiale devrait maintenir la forte demande pour les matières premières. En conséquence, le marché boursier canadien devrait continuer d’offrir un rendement supérieur à ceux des autres grands marchés mondiaux.