Survol des marchés financiers | Fiera Capital – Mars 2021
Contexte économique
Au cours du premier trimestre de 2021, plusieurs facteurs ont permis une nette amélioration des perspectives économiques mondiales. Mentionnons tout d’abord qu’à la suite de leur approbation par les autorités en décembre 2020, les vaccins contre la COVID-19 ont commencé à être distribués à travers le monde. De plus, les programmes de dépenses gouvernementales visant à relancer l’économie se sont poursuivis. Aux États-Unis, à la toute fin de l’année 2020, les deux partis politiques fédéraux s’étaient finalement entendus sur une première enveloppe de 600 G$. À l’arrivée du président Joe Biden à la Maison-Blanche, un programme supplémentaire de 1 900 G$ a été rapidement adopté par la Chambre des représentants et le Sénat, grâce à la double majorité des élus démocrates. L’administration américaine planche maintenant sur un programme de dépenses en infrastructures qui pourrait permettre de soutenir le rythme de croissance à long terme de leur économie.
Dans la foulée de ces événements, les économistes ont révisé à la hausse leurs prévisions de croissance de l’économie américaine pour 2021 et 2022. Après une année 2020 marquée par la pandémie de la COVID-19 et une récession mondiale d’une ampleur inégalée, la croissance a amorcé un rebond dans la majorité des pays. L’amélioration des perspectives a eu un effet sur les investisseurs de différents marchés financiers.
Au Canada, bien que l’augmentation de cas de COVID-19 causée par l’apparition de nouveaux variants ait forcé un certain reconfinement en début d’année, l’économie fait preuve d’une résilience étonnante. Depuis quelques mois, la vigueur du marché immobilier, le niveau élevé des investissements des entreprises et l’augmentation des dépenses des gouvernements ont fortement contribué à la croissance. L’accélération du rythme de vaccination et la levée progressive des restrictions devraient accélérer la croissance au cours des prochains trimestres.
En Europe, durant l’automne 2020, l’arrivée de variants avait forcé le retour de mesures de confinement dans plusieurs pays. Cette situation s’est poursuivie au premier trimestre. En conséquence, on a assisté à une nouvelle contraction de l’activité économique en zone euro et au Royaume-Uni. Au-delà de la pandémie, l’économie européenne, particulièrement au Royaume-Uni, est restée affectée par la question du Brexit. Bien qu’une entente commerciale ait été conclue dans les derniers jours de 2020, plusieurs frictions demeurent. Ainsi, le rythme des exportations britanniques vers l’Union européenne a chuté de près de 40 % de décembre à janvier.
La croissance s’est poursuivie en Chine, mais à un rythme plus modéré. L’apparition de nouveaux cas de la COVID-19 a provoqué des fermetures d’usines durant le premier trimestre. De plus, au début de février, les autorités ont décidé de limiter les déplacements lors de la période du Nouvel An lunaire. Malgré cela, les différentes données pointent toujours vers la croissance. La Chine profite non seulement du rebond de la demande interne, mais également de l’accélération de la croissance de l’économie mondiale.
Notons qu’au premier trimestre, l’amélioration des perspectives a soutenu la hausse des prix des matières premières. Le prix du pétrole a grimpé de plus de 25 % et celui du cuivre a touché un nouveau sommet. Par ailleurs, la forte demande et la rupture de certaines chaînes d’approvisionnement ont provoqué des hausses de prix de matériaux de construction.
Politique monétaire et titres à revenu fixe
Durant le premier trimestre de 2021, l’amélioration des perspectives économiques a entraîné une hausse des taux obligataires et, en contrepartie, une chute marquée des prix des titres à revenu fixe. Pour les investisseurs, une croissance plus rapide pourrait devancer le resserrement monétaire par les banques centrales. C’est l’anticipation d’un tel resserrement qui a incité les investisseurs à exiger un taux d’intérêt plus élevé sur ces titres. Ainsi, le taux d’une obligation du Canada ayant une échéance de 10 ans est passé de 0,65 % à environ 1,60 % entre le 31 décembre 2020 et le 31 mars 2021.
Dans le but de rassurer les investisseurs, les dirigeants de la Réserve fédérale américaine (la Fed) et de la Banque du Canada ont déclaré leur intention de maintenir les taux directeurs au niveau actuel pour une longue période. En effet, les taux directeurs nord-américains devraient être maintenus au minimum jusqu’en 2023. Il est toutefois possible que les montants consacrés à l’achat de titres obligataires sur les marchés soient progressivement diminués, tant au Canada qu’aux États-Unis. D’ailleurs, le sous-gouverneur de la Banque du Canada, Toni Gravelle, a déclaré en mars que l’amélioration des perspectives de croissance économique et la bonne liquidité des marchés militent pour un retrait progressif de ces mesures exceptionnelles. La Banque du Canada compte toutefois ajuster ses programmes de soutien et leur retrait progressif selon l’évolution de la pandémie au pays.
Durant le trimestre, la Fed a donc laissé son taux directeur inchangé. Elle a indiqué qu’il en serait ainsi tant que le taux d’inflation n’atteindrait pas 2 % de façon durable. On a ajouté qu’il est possible que l’inflation dépasse sa cible de façon temporaire sans déclencher de hausse de taux directeur. Mentionnons que le taux annuel d’inflation pourrait grimper au-dessus de 2 % au cours des prochains mois. Cela sera attribuable au prix de l’essence. En effet, au printemps 2020, il avait subi une forte baisse avant de revenir à la normale au cours des derniers mois.
Comme les taux de court terme ont connu une moins forte augmentation que ceux de long terme, la pente de la courbe de taux s’est accentuée durant le premier trimestre. Par ailleurs, le bon contexte économique a favorisé les obligations des sociétés. C’est pourquoi l’écart de taux entre les obligations de sociétés et celles du gouvernement a diminué durant le trimestre.
Grâce aux programmes de stimulation économique approuvés par les élus américains au cours des derniers mois, le dollar américain a gagné du terrain contre la majorité des devises à travers le monde. Il faut toutefois souligner que le dollar canadien a progressé davantage et que sa valeur par rapport au dollar américain est demeurée élevée.
Marchés boursiers
Durant le premier trimestre de 2021, le contexte économique et le déploiement de la vaccination ont constitué un terreau favorable pour les marchés boursiers. Ainsi, malgré les fluctuations causées par la propagation des différents variants de la COVID-19, les marchés ont poursuivi leur progression.
Sur le marché boursier américain, une forte volatilité, induite par plusieurs transactions spéculatives sur des titres technologiques de plus petite capitalisation, a toutefois limité la progression des cours. Les titres de technologie ont généralement connu un trimestre difficile. Il faut dire que leur évaluation était sensiblement plus élevée que celle des titres des autres secteurs. À cet égard, les titres des secteurs plus cycliques ont connu une meilleure progression trimestrielle. Leur rendement est généralement lié à la santé de l’économie mondiale.
Le marché boursier canadien a profité de la forte demande pour les matières premières. L’augmentation du prix du pétrole et des ressources minières a permis aux actions canadiennes d’enregistrer un meilleur rendement que les titres boursiers américains.
Ailleurs dans le monde, les actions ont connu un très bon trimestre. Les indices boursiers européens, moins fortement pondérés en titres de technologie, ont enregistré des gains plus importants que les actions américaines.
Notons enfin que plusieurs marchés boursiers émergents ont été affectés par la vigueur du dollar américain et que leur progression a été limitée.
À l’horizon
Avec l’augmentation de la production de vaccins contre la COVID-19, la vaccination s’accélérera au cours des prochains mois. Ainsi, les gouvernements mondiaux pourront rouvrir leur économie plus rapidement. Les importants programmes récemment votés par les élus américains auront des retombées importantes au cours des prochains trimestres. Ils contribueront à la croissance rapide de l’économie mondiale en 2021 et 2022. Nous croyons que l’amélioration de la situation économique et un certain retour à la normale des activités économiques provoqueront une hausse des indices de confiance. Par conséquent, les investisseurs reprendront goût au risque et les investissements augmenteront de plus belle.
Les consommateurs ayant refoulé leurs dépenses durant la pandémie et le taux d’épargne très élevé dans le monde entier contribueront aussi à une accélération de la croissance en 2021 et par la suite.
En conséquence, les mesures de stimulation mises en place par les gouvernements et les banques centrales pourront progressivement être retirées. Les taux d’intérêt afficheront donc une tendance haussière, ce qui nuira au rendement des obligations.
À l’opposé, les marchés boursiers, particulièrement ceux qui sont plus cycliques, comme ceux du Canada et des pays émergents, devraient être soutenus par la forte croissance de l’économie mondiale.
À la faveur d’une forte demande pour les ressources naturelles, le dollar canadien pourrait continuer de s’apprécier par rapport à la devise américaine.